du royaume d’Italie, c’est-à-dire l’idée de l’unité nationale. Le droit nouveau, en octroyant aux peuples la faculté de se gouverner par la raison, impliquait comme conséquence la conquête de l’indépendance italienne : ce mot, inconnu au XVIIIe siècle, fut en 1814 le mot d’ordre de la péninsule. A la même époque, au contraire, l’aristocratie jeta la plèbe et les brigands sur le libéralisme ; l’ancien droit fut restauré, le royaume d’Italie fut détruit, l’unité des lois abolie comme un sacrilège, et l’Italie fut rendue à ses divisions, réclamées par la noblesse et maintenues sous la sauvegarde du pape et de l’empereur. La noblesse italienne, en défendant alors au peuple de délibérer sur ses croyances et ses intérêts, s’est trouvée anti-nationale par sa foi dans les dynasties légitimes qui perpétuent la division de l’Italie, anti-nationale par le droit qui la régit et sanctifie la conquête impériale, anti-nationale enfin par sa propre faiblesse qui la condamne à invoquer les armées et par conséquent le protectorat de l’Autriche. En somme, à Naples, à Turin, à Rome, partout, elle n’a reproduit que les cruautés et la perfidie des anciens temps, sans en retrouver le courage et la hardiesse.
La restauration aristocratique de 1814 pèse encore aujourd’hui sur le commerce, sur l’industrie, sur les libertés de l’Italie. Depuis trente ans, les protestations se multiplient, les colères nationales, en vain comprimées, font explosion à Naples, en Piémont, en Romagne ; la résignation a fait place à un malaise fiévreux qui semble augmenter chaque jour. Les symptômes de ce malaise sont partout, dans l’horreur que soulèvent les exécutions politiques, comme dans l’enthousiasme voisin du délire qui accueille les amnisties. Les idées nouvelles se répandent, chaque évènement porte atteinte au pacte du moyen-âge. La noblesse ne se dissimule pas que l’ancien droit se meurt, et que tous les jours la restauration de 1844 perd le caractère d’un gouvernement légitime pour prendre celui d’une conquête autrichienne. Déjà en 1821, à Naples et en Piémont, de nobles transfuges passaient de l’aristocratie au libéralisme ; depuis 1830, la fraction des transfuges s’est grossie ; on commence à comprendre que le cercle des idées constitutionnelles est assez large pour satisfaire les intérêts les plus opposés. Aujourd’hui cette pensée se fait jour en Sicile, à Gênes, à Bologne ; elle gagne de la popularité dans les États-Romains. En même temps qu’on parle de libéralisme, on parle aussi d’indépendance. L’idée d’indépendance s’est produite sous un patronage quasi-officiel en Piémont et ailleurs En Lombardie, on a représenté, on représente encore l’absolutisme de la maison de Savoie comme le vrai juste milieu entre la liberté et la conquête. Ainsi reparaît l’ancien dilemme de Machiavel entre les républiques et les seigneurs ; les mots seuls ont changé ; il s’agit d’opter entre les constitutions et l’indépendance italienne.
Nous voudrions applaudir à ces rêves d’indépendance qui pénètrent