sa route. On suit les directions les plus opposées. L’histoire de l’Italie présente une série effrayante de coups d’état et de catastrophes. Dans la seule année 1355, on compte deux séditions à Fermo, deux à Sienne, une révolution de palais à Padoue, deux dans la famille des Visconti, sans parler de la guerre civile de la Basse-Italie et du mouvement pontifical d’Albornoz, qui devait multiplier les conspirations dans la péninsule. L’histoire de Bologne nous offre vingt-six révolutions accomplies dans l’espace de deux cent trente-six ans, et chacune de ces révolutions, entraîne à sa suite deux ou trois complots avortés et bien des supplices. A Sienne, les révoltes étaient parfois plus fréquentes, à Pérouse plus terribles, partout innombrables. En apparence, nous le répétons, c’est là le règne du hasard ; toutefois la dualité guelfe et gibeline s’étant produite dans toutes les républiques, dans toutes les villes, les seigneurs durent triompher en traversant plusieurs phases uniformes qui ramènent ce mouvement si confus à une sorte d’unité.
D’abord le seigneur s’élevait en chassant la famille rivale. Les Baglioni de Pérouse s’établissaient par l’expulsion des Oddo, les Pollenta de Ravenne par l’exil et le massacre des Traversari, les Bonacolsi de Mantoue par l’expulsion des Casaloldo, les Vitelli de Citta Castello par l’exil des Guelfucci. Cependant, les castes ne se fondant que sur les idées, la domination d’un seul dut se fonder à son tour sur un droit. Quel fut le droit du seigneur ? Ce droit, il ne pouvait le tenir que de l’empire, de l’église ou de la commune. Or, l’empire et l’église régnaient sans gouverner et avaient tout livré aux municipes. Ce fut donc le représentant de la commune, ce fut le podestat, le capitaine de ville qui devint le seigneur. Après avoir chassé la famille rivale, il prenait souvent le titre de libérateur ; de gré ou de force, le sénat le proclamait podestat à vie ou capitaine perpétuel, et il régnait en défenseur de la république. La commune était sa force ; reconnu par la république, il en personnifiait les privilèges devant l’église ou devant l’empire, et le pays, l’empereur, ne pouvaient manquer de le reconnaître. Dès ses premiers pas, le seigneur marchait donc avec la commune ; en sa qualité de dictateur, il devint l’adversaire naturel de toute famille qui s’élevait au-dessus des autres : ce fut un niveleur.
A peine la famille régnante était-elle établie, qu’elle était entraînée dans une seconde phase par la fatalité du pouvoir. Le dictateur voulait disposer de l’état comme d’une propriété, le transmettre à son fils comme un fief, imiter la royauté. Si au premier pas il avait marché avec la commune, s’il en représentait les franchises et les privilèges devant l’église ou l’empire, il devait au contraire, pour consolider son pouvoir, empiéter sur les privilèges de la ville en invoquant à son profit le droit féodal de l’église et de l’empire. Les villes avaient chassé les