de la faction féodale de Buoso de Doara : Bologne, en 1274, en expulsait douze mille, tout le parti féodal des Lambertazzi ; Florence en avait expulsé de nouveau un si grand nombre en 1303, que vingt ans plus tard quatre mille accouraient à l’armée contre Castruccio Castracani, espérant trouver l’amnistie sous les drapeaux. Il y a peu de grandes familles qui ne comptent dans leurs annales au moins deux exils. Dans la plupart des villes, les familles républicaines finirent par rester seules et victorieuses ; mais la féodalité ne fut pas plus anéantie que le jour de la victoire de Legnano : elle survivait dominante dans les campagnes, forte dans quelques villes ; ralliée à l’empire, très souvent appuyée par les papes D’ailleurs, la féodalité mercantile, le jour même de sa victoire dans une république, se trouvait divisée. Chaque famille aspirait à la suprématie, quelques-unes s’emparaient du gouvernement, et bientôt on voyait naître les deux partis du gouvernement et de l’opposition. Même après l’expulsion des nobles, la noblesse ressuscitait dans une partie des familles victorieuses. On la voyait, par exemple, se reproduire dans les faubourgs de Modène, ou régnait l’influence des campagnes. Les Panciatichi une fois expulsés de Pistole, le parti rival et républicain des Cancellieri se subdivisait en deux nouveaux partis, les blancs et les noirs, et la division se reproduisait immédiatement dans toute la Toscane républicaine. Après l’expulsion des Lambertazzi, la noblesse de Bologne se relevait par les Pepoli : après les Pepoli elle fut représentée par les Bentivoglio, issus d’une famille de bouchers. Souvent une querelle, une injure, qui divisait une famille républicaine, en jetait la moitié dans le parti de la noblesse, car les alliances nobiliaires étaient innombrables comme les châteaux, et peu d’opprimés dédaignaient ce secours. Dans chaque ville, les deux familles rivales renaissaient, pour ainsi dire, sous d’autres noms, en dépit des proscriptions et des massacres. Ni le podestat, ni le dictateur, ni les trêves de Dieu, ni le partage des emplois, aucune enfin des ressources gouvernementales du moyen-âge ne put étouffer la guerre des deux castes dans les républiques italiennes. Loin de les équilibrer, les podestats prirent parti pour l’une ou l’autre des nomades ; actives, intelligentes, acharnées, ces armées entraînaient au combat villes, rois, papes et empereurs. Un double réseau de discorde et de guerre s’étendit depuis les Alpes jusqu’à Rome ; les papes même, comme seigneurs de Rome, furent ébranlés par la lutte immense qui agitait l’Italie. Enfin le royaume de Naples, placé sous l’influence des papes, ennemis de la maison impériale de Souabe, ne put rester long-temps hors de l’arène ; il fut déchiré par deux dynasties appuyées sur deux races. Les Angevins, établis en 1266 avaient reçu de Charles d’Anjou, en quelques mois seulement, cent soixante fiefs, et les familles françaises se séparèrent des familles indigènes à tel point que Rostain
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