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assassinats, et quelques-uns parviennent ainsi à improviser une monarchie qui disparaît avec eux. Après les tyrans, ce sont les condottieri. Ceux-ci promènent à travers l’Italie des hordes indisciplinées ; ils menacent tous les états, et devant eux les états se désarment ; bien plus il les adoptent, et ces milices nomades finissent par concentrer en elle la force militaire de l’Italie. Après les condottieri, l’Italie entre dans une ère étrange de décadence politique et d’énergie intellectuelle. Jamais le contraste des individus et de la nation n’a été plus frappant. C’est au moment où l’Italie est attaquée, envahie, asservie, qu’elle voit naître Léon X, Machiavel et Michel-Ange. A chaque défaite, elle enfante un chef-d’œuvre ; les désastres se succèdent, et les grands hommes se multiplient. Préciser le rôle qu’a joué l’aristocratie durant ces trois périodes, c’est le plus sûr moyen de découvrir les causes qui ont empêché la formation de l’unité italienne. Ces trois types, le tyran, le condottiere, le politique du XVIe siècle, méritent chacun une étude spéciale : aujourd’hui nous ne voulons contempler que dans ses grandes lignes l’histoire dont ils représentent les phases principales. L’étude des faits généraux doit précéder celle des individus et des épisodes. Une savante publication nous servira de guide dans cette première évocation des types de l’aristocratie italienne.

En 1814, un officier italien, M. Litta, ne sachant que faire pour occuper ses loisirs, eut l’idée de publier les généalogies des grandes familles de son pays[1] M Litta se bornait à dresser des arbres généalogiques ou il encadrait mille petites biographies sans une page de théorie, sans un mot de préface pour toute explication des planches offraient les portraits, les monumens et les mausolées de chaque famille. L’Autriche ne prit aucun ombrage de cette publication : le culte des armoiries n’avait rien qui pût lui déplaire. Quant à l’aristocratie italienne, elle accueillit l’œuvre de M. Litta avec une nonchalance imperturbable, comme un hommage qui lui était dû. Cet hommage n’était cependant qu’un pamphlet aussi violent que volumineux, écrit de la meilleure foi du monde. Ecartant les diplômes, M. Litta cherchait avec une sorte de brusquerie militaire les titres de la noblesse, il voulait les découvrir dans les généalogies. Par malheur, de même que la famille est l’antithèse de la société, la généalogie est l’antithèse de l’histoire. Cherchez dans la famille les idées, les principes des grandes révolutions ; cherchez dans la généalogie le prestige et l’autorité de la noblesse : vous ne les y trouverez pas. Etre irrationnel, la généalogie ne nous offre qu’une succession de noms et d’événemens au milieu desquels une seule loi se fait jour, celle de l’égoïsme qui préside à toutes les alliances, pour former souvent les combinaisons les plus bizarres et les moins prévues. Au

  1. À cette heure, la collection est de cinq volumes in-folio.