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garantie indispensable de l’indépendance du territoire de l’empire, et on ne peut le violer sans violer aussi l’indépendance du Brésil. Le sens clair et évident de cet article est que la police de la mer et la répression du trafic des esclaves sur les côtes et dans les eaux du Brésil appartiennent aux autorités de l’empire, et que les croiseurs britanniques n’ont pas le droit d’intervenir là où s’étend la portée des canons des batteries de la côte. Ces stipulations ont été constamment méconnues ; les croiseurs anglais détachent des embarcations armées pour faire la police dans les eaux de l’empire ; les équipages descendent en armes sur la côte, inspectent des navires et cherchent à en opérer l’arrestation ; ils viennent visiter les maisons et autres établissemens sur le rivage. Ces procédés ne peuvent manquer d’éveiller la susceptibilité nationale et d’exciter des ressentimens. De là résultent des collisions très fâcheuses. Le traité est violé, l’indépendance du territoire n’est pas respectée, et on voudrait que le gouvernement impérial donnât satisfaction de la résistance que les autorités brésiliennes apportent à de pareils procédés ! »

Après avoir brièvement rappelé les négociations entamées entre les deux gouvernemens relativement à la convention proposée au mois d’août 1840, et le contre-projet produit, le 20 août 1841, par le cabinet brésilien, M. Paulino terminait en ces termes : « Au lieu d’établir une discussion régulière pour concilier les différences que présentaient ces deux projets, le gouvernement britannique adresse une note menaçante. Le gouvernement impérial n’hésite pas à rentrer en négociation ; mais, avant tout, il réclame le respect qui est dû aux droits du Brésil comme empire indépendant ; il demande à discuter les conditions de la nouvelle convention, et il croit que cette convention doit être acceptée et non imposée par la force. Dans une lettre adressée aux lords de l’amirauté, à la date du 20 mai 1842, lord Aberdeen a blâmé la conduite de quelques croiseurs anglais, et il a dit que leurs procédés ne pouvaient être regardés comme sanctionnés par le droit des gens ou par les dispositions d’aucun traité existant, et que, bien qu’il fût très désirable de mettre un terme à la traite, ce but excellent ne devait pas être poursuivi autrement que par des voies légales. Si cette solennelle déclaration, digne d’une nation éclairée et puissante, ne s’applique pas au Brésil, et si les menaces de M. Hamilton doivent être réalisées, le gouvernement impérial ne cédera qu’à la force et en protestant à la face du monde entier contre la violation de ses droits et contre les outrages dont il sera victime. »

Comme on le voit, le gouvernement brésilien relevait avec fierté le gant ; loin de s’incliner devant la menace de l’Angleterre, il dédaignait de se justifier des accusations dirigées contre lui et se contentait de répondre par des récriminations. Plusieurs notes furent échangées de