menés publiquement dans les rues et vendus avec aussi peu de cérémonie que si ce trafic était parfaitement légitime. »
Presque à la même date, M. Hamilton écrivait à lord Aberdeen : « Les faits que j’ai soumis à l’appréciation du gouvernement brésilien ne sont pas les seuls que j’eusse pu lui exposer, mais je n’ai pas voulu porter contre lui une accusation trop grave, en détaillant les transactions plus coupables encore qui ont eu lieu sous les yeux mêmes de l’autorité centrale. Ainsi des navires ont été mis, il y a peu de mois, à la disposition du gouvernement pour transporter des troupes dans le sud. C’était, disait-on, un acte de pur patriotisme, mais le résultat a fait justice de ces trompeuses apparences. Ces navires ont été dirigés sur les marchés à esclaves, l’équipement propre au transport des soldats étant également convenable pour le commerce des noirs. Le 16 mars, deux bandes de noirs nouvellement débarqués ont traversé les principales rues de Rio-Janeiro en plein midi. Dans les mêmes rues, il existe plusieurs dépôts où des noirs de même espèce sont ouvertement mis en vente. Le matin du jour suivant, vers sept heures, une très grande chaloupe, remplie de noirs africains dans un état de nudité complète, a traversé le port en présence d’une multitude de personnes ; elle a poursuivi sa route sans obstacle d’aucune sorte avec sa cargaison de contrebande. Il y a quelques mois, un des forts construits près de l’entrée du port recevait les Africains débarqués dans le voisinage, et leur donnait un abri pendant la nuit à tant de reis par tête. Il y a toute sorte de raisons de croire que les mêmes asiles sont encore ouverts aux violateurs de la loi. Lorsque la légation britannique a pu recueillir ces renseignemens avec les moyens insuffisans et les agens non responsables dont elle dispose, est-il déraisonnable d’exiger que le gouvernement brésilien puise aux sources officielles, et grace à des moyens d’information comparativement illimités, une connaissance plus prompte et plus approfondie de l’état de la traite ? De deux choses l’une : ou le gouvernement ne fait aucun effort pour être informé de ces infractions aux lois et aux traités, ou, après en avoir obtenu connaissance, il ne fait pas preuve de la loyauté et de l’énergie nécessaires pour les réprimer. De l’une ou l’autre de ces alternatives, il résulte que le Brésil n’a pas exécuté sincèrement les conventions conclues avec la Grande-Bretagne pour mettre fin à un système d’injustice et d’oppression intolérables. »
En présence de ces informations et de l’opposition systématique du gouvernement brésilien à tout arrangement pour rendre efficaces les dispositions arrêtées en 1817, lord Aberdeen crut devoir employer un langage menaçant. Dans une dépêche écrite à M. Hamilton le 5 juillet 1843, après avoir énuméré plusieurs cas où les négriers avaient été protégés ouvertement par les autorités locales, lord Aberdeen s’exprimait en ces termes : « Quelles que soient les concessions que le