lui conférait cette convention d’empêcher ces sortes de transports. Le ministre anglais déclara en même temps, au nom de son gouvernement, qu’aucune indemnité ne pourrait être considérée comme due pour la saisie, même irrégulière, des bâtimens négriers, dans le cas où ces bâtimens se livreraient à la traite sous l’empire des circonstances qui la rendaient illégale. Cette menace eut l’effet qu’on en attendait. Le 15 mars 1823, le Portugal signa de nouveaux articles additionnels portant en substance que tout bâtiment, bien qu’il n’eût à bord aucun esclave au moment de son arrestation, serait susceptible d’être condamné, s’il était prouvé que des esclaves y eussent séjourné dans le cours de la campagne où il aurait été saisi.
Malgré son adhésion à ces nouveaux articles, le Portugal ne porta pas dans l’exécution de ses engagemens plus de bonne foi que par le passé. Il ressort de documens d’une exactitude incontestable que, dans l’année 1822, le nombre des noirs transportés au Brésil avait été de cinquante-six mille environ. C’était uniquement en vue de l’alimentation des travailleurs de cette riche possession que le Portugal s’était jusqu’alors montré si rebelle aux exigences de l’Angleterre ; mais la situation allait bientôt changer de face : le Brésil s’était déclaré indépendant de sa métropole, et c’est avec lui désormais que l’Angleterre allait avoir à traiter.
Le gouvernement anglais prétendait avec raison que les traités conclus par son ancienne métropole liaient le Brésil, et que ce nouvel état devait remplir les engagemens contractés par le Portugal, relativement à l’abolition et à la répression de la traite des noirs. Comme le Brésil, pour lequel le commerce des esclaves était en quelque sorte une question d’existence, ne paraissait nullement disposé à admettre ce principe, d’ailleurs parfaitement légitime, du droit des gens, le cabinet britannique lui déclara qu’il allait poursuivre, à ses risques et périls, l’exécution des stipulations de la convention de 1817, et, en effet, dans le cours de l’année 1825, les croiseurs anglais reçurent l’ordre de saisir et de traduire devant les tribunaux de l’amirauté les navires brésiliens exerçant la traite, alors même qu’ils seraient porteurs de licences délivrées par les autorités de leur pays. L’Angleterre avait un autre moyen plus légitime et non moins puissant de forcer le Brésil à subir les conditions qu’elle lui imposait, c’était de mettre à ce prix la reconnaissance de son indépendance. Aussi, le 23 novembre 1826, la Grande-Bretagne et le Brésil signèrent-ils une convention ratifiée le 13 mars suivant, et par laquelle il fut décidé : 1° que, trois années après l’échange des ratifications, il serait interdit aux sujets de l’empereur du Brésil de faire