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LA


QUESTION DES SUCRES


EN ANGLETERRE


ET LA TRAITE AU BRESIL.




I.

Parmi les questions qui pouvaient embarrasser le cabinet de lord John Russell, il n’en était pas de plus grave, de plus difficile que ce qu’on appelle la question des sucres. Sans l’adroite tactique de sir R. Peel, c’est sur cette question que le sort de son ministère aurait été décidé. Il préféra porter le débat sur les affaires de l’Irlande, où il se flattait de retrouver une partie de son ancienne majorité. Deux fois, en 1844 et en 1845, il s’était trouvé en minorité sur le bill des sucres, et il ne l’avait emporté qu’en déclarant à ses amis récalcitrans qu’il se retirerait, s’il était battu. La crainte de porter un coup mortel à l’union de leur parti fit reculer le plus grand nombre des conservateurs hostiles à la mesure de leur chef ; mais, après la conduite de sir R. Peel à l’endroit du bill des céréales, une pareille crainte n’était plus capable de les arrêter, et sir R. Peel, sachant bien que sa chute était inévitable sur cette question, aima mieux laisser à ses successeurs le soin de la résoudre.

Pendant bien long-temps, le sucre de provenance étrangère a été