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au temps de Champollion. Ce nom d’un roi de la dynastie saïtique a fait penser que ces débris venaient de Saïs, la grande ville égyptienne la plus proche en remontant le Nil. On peut croire aussi que, sans les aller chercher jusque-là, on les avait empruntés à quelques monumens de l’ancienne Racotis. Bien que n’ayant jamais été considérable que dans les contes arabes, Racotis a pu devoir quelque importance à sa situation littorale, quand la Grèce commença, sous les Psamétiques, à s’ouvrir aux étrangers. Mais qu’était ce Sérapeum ? Quel était ce singulier édifice où se trouvaient des cabinets pour l’étude et des chapelles dédiées aux anciens dieux de l’Égypte ? Il mérite qu’on s’y arrête un peu.

Et d’abord qu’était ce dieu Sérapis à qui l’édifice était consacré ? Quel était ce grand dieu d’Alexandrie, dont le culte semble avoir remplacé presque entièrement celui des anciennes divinités de l’Égypte, Ammon, Phta, Osiris ? Sur aucun monument égyptien, on n’a vu encore le nom de Sérapis écrit en hiéroglyphes ni sa figure représentée, tandis que les artistes grecs et romains ont reproduit souvent le type sévère d’un Jupiter Sérapis assez semblable à Pluton. Ce dieu si célèbre, et auquel de si vastes édifices furent consacrés à Memphis et à Alexandrie, a dû tenir une place dans le panthéon égyptien, où on ne le rencontre pas ; singulière énigme mythologique, dont l’explication est, je crois, celle que voici :

Sérapis est une abréviation d’Osor-Apis, Osiris-Apis[1]. En effet, Apis, le taureau noir qui emporte les ames, est le même que l’Osiris funèbre auquel elles sont unies après la mort, et qui est l’époux d’Isis, la vache sacrée. Il y avait des lamentations solennelles pour Apis comme pour Osiris[2]. Osiris et Apis étaient deux personnifications de la même idée mythologique, qui formèrent deux divinités distinctes jusqu’au jour où la fusion alexandrine vint réunir ce qui était un dans son principe, mais que le culte avait toujours distingué. De ces deux noms, fondus en un seul, fut composé le nom nouveau du dieu ancien. Sérapis est donc la dernière forme ou plutôt la dernière dénomination d’Osiris. C’est pour cela que, dans le culte, Sérapis, à Rome comme en Égypte, est constamment associé à Isis ; c’est pour cela qu’on trouve cette inscription : A Sérapis soleil, et que sur les médailles Sérapis figure avec les cinq planètes. On sait qu’Osiris était un dieu soleil.

En l’honneur de Sérapis, le dernier né de la religion égyptienne et le dieu favori des sectateurs de cette religion, s’élevait, à Alexandrie comme à Memphis, un singulier édifice, nommé Sérapeum.

Ce qu’on sait du Sérapeum de Memphis jette un jour précieux sur le Sérapeum d’Alexandrie. Les dossiers de différens procès dont les pièces

  1. Plutarque dit positivement, mais sans l’expliquer, que Sérapis était Osiris-Apis. De Iside, 28.
  2. Papyrus des deux jumelles de Memphis.