sa session. Dès qu’il s’agit de l’église, M. de Montalembert, par une métamorphose malheureuse, devient utopiste et révolutionnaire. A travers les développemens de sa rhétorique passionnée, à travers les flots d’amertume qui débordent dans son dernier écrit, voici la pensée qui domine, qui met à M de Montalembert la plume, nous dirions volontiers les armes à la main. En France, l’église du moyen-âge, l’église de Bossuet, ont également disparu. Aujourd’hui l’église est sous le joug des lois successivement rendues depuis environ soixante ans ; ce joug, elle doit le secouer ; elle doit conquérir sa complète indépendance en se servant des institutions et des mœurs de la liberté pour lesquelles, il est vrai, elle a très peu de sympathie, mais qui peuvent être un fort utile instrument. Voilà l’idéal que poursuit le poétique historien de sainte Elisabeth. Il ne faut donc pas s’étonner s’il n’a pour le concordat et pour tout notre droit public qu’aversion et mépris, s’il ne parle qu’avec le plus virulent dédain de tous ceux qui comme lui ne font pas litière des principes anciens et modernes de notre législation. M. le duc de Broglie n’est pas plus épargné que M. Thiers ; M. Odilon Barrot est immolé à côté de M. Dupin. Nous parlions tout à l’heure de l’amertume de M. de Montalembert ; il s’y complaît, il l’élabore, il la distille avec une lenteur toujours cruelle, parfois prétentieuse. Dans des temps difficiles, dans une époque de persécution, cette amertume pourrait paraître du courage ; aujourd’hui, au sein de la quiétude profonde dont jouit l’église, elle n’est qu’une fantaisie, et c’est pourquoi ce qu’écrit M. de Montalembert sur ces matières a toujours plus d’éclat littéraire que de gravité. Mais nous oublions que c’est cette quiétude qui indigne la conscience du publiciste catholique ; il l’appelle une fausse paix ; c’est une expression qu’il emprunte à saint Jérôme, pax ficta. M. de Montalembert veut la guerre, il en proclame la sainte nécessité, il annonce au gouvernement et au pays que lui et ses amis ont assez de puissance pour troubler éternellement le repos public, tant qu’on ne leur aura pas accordé tout ce qu’ils réclament. Heureusement ces imprudentes paroles sont adressées à une société assez sire d’elle-même et assez forte pour accueillir ces terribles menaces avec un sourire indulgent.
Revenons à la réalité. Pour la première fois l’église interviendra-t-elle dans les élections ? Elle le peut de deux manières : par les membres du clergé, ou par les laïques. Nous ne croyons pas que nos prêtres veuillent, comme en friande et en Belgique, s’adresser directement aux électeurs et les conduire eux-mêmes au scrutin ; ils savent trop bien qu’en dehors du sanctuaire et dans l’arène politique leur autorité, leur caractère, risqueraient d’être méconnus. Restent les laïques, qui peuvent, comme électeurs, imposer aux candidats des conditions spéciales en matière de liberté religieuse. C’est leur droit. Maintenant dans quel esprit sera-t-il exercé ? C’est à quoi la France ne laissera pas que d’être fort attentive. Le danger que court l’église dans les élections est d’être représentée par des brouillons, par des faiseurs, qui donneraient aux intérêts pour lesquels ils prétendraient stipuler un vernis démagogique. Au siècle dernier, l’église s’est étrangement fourvoyée dans les boudoirs ; qu’elle ne se laisse pas aujourd’hui entraîner dans les clubs !
Ne sortirons-nous jamais des exagérations ? Les tins, ministériels jusqu’à l’enthousiasme, voudraient qu’aux élections la majeure partie de l’opposition constitutionnelle restât sur le champ de bataille. Dans les rangs contraires, on excommunie