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En conséquence de cette délibération, le gouverneur du château de Simancas, don Eugenio de Peralta, homme sage, dit la relation, à qui on pouvait confier une pareille affaire, et qui se trouvait en ce moment à Madrid, reçut, le 17 août, l’ordre écrit de se transporter à Ségovie, de se faire livrer le prisonnier et de le conduire à Simancas pour l’y tenir sous bonne garde. Cet ordre fut exécuté avec une scrupuleuse exactitude. Montigny fut transporté, en voiture, dans la prison dont il ne devait plus sortir, sous l’escorte de deux alguazils et de quatre arquebusiers. Peralta, pour mieux s’assurer de sa personne, l’avait fait mettre aux fers. La relation ajoute que le roi n’en avait pas donné l’ordre, et qu’il en fut contrarié, parce que cela n’était pas nécessaire ; « mais cette circonstance ne fut pas inutile au but qu’on avait en vue, le déplaisir qu’en éprouva Montigny lui ayant causé une indisposition. » La suite du récit expliquera la cruelle portée de cette réflexion.

Quelques semaines se passèrent encore avant que Philippe II crût devoir terminer cet horrible drame. Sans doute ces délais avaient pour but d’écarter les soupçons que trop de précipitation eût pu faire naître. Dans cet intervalle, Montigny, que l’on traitait avec plus d’égards depuis son arrivée à Simancas, loin de prévoir le sort qui lui était réservé, en vint à se flatter de l’espérance que Philippe II, alors occupé à célébrer son quatrième mariage, voudrait y rattacher des actes de clémence et en prendrait occasion de lui rendre la liberté. Enfin, le 1er octobre, une cédule royale datée de l’Escurial fut adressée au gouverneur de Simancas pour lui enjoindre de remettre le condamné à la disposition de don Alonso de Arellano, alcade de l’audience de Valladolid, délégué, en vertu de la commission rogatoire du duc d’Albe, pour faire exécuter la sentence. Des instructions datées du même jour tracèrent à ce magistrat, dans le détail le plus minutieux, la marche qu’il devait suivre. Ces instructions portent la signature du docteur Velasco, un des membres du conseil du roi. On n’analyse point de tels documens, il faut les citer.


« Bien que, conformément au contenu de la sentence et de la commission rogatoire, l’exécution dût avoir lieu en public,… sa majesté, mue par de justes considérations, a voulu et veut qu’elle se fasse secrètement et dans l’intérieur de la forteresse… Elle entend qu’on ne sache en aucune manière que Florent de Montmorency est mort par exécution de justice, mais bien qu’on croie qu’il est mort de sa mort naturelle, et qu’on le dise et le publie ainsi… Il convient pour cela qu’on n’informe de cette affaire et qu’on n’y fasse intervenir que les personnes absolument nécessaires, et qu’on leur recommande grandement le secret

«  M. le licencié don Alonso partira donc d’ici sans retard, et pourra se rendre sur-le-champ à Valladolid, en en donnant avis à don Eugenio de Peralta pour qu’il se trouve au lieu appelé El-Abrojo au moment où ledit don Alonso y passera,