Lorsque, voici tantôt vingt-cinq ans, Charles-Marie de Weber donna son immortel Freyschütz, en Allemagne comme en France l’émotion fut grande, on en souvient, et l’Europe entière n’eut qu’un cri pour saluer l’avénement de ce nouveau génie, qu’elle proclama romantique. L’épithète prononcée à cette occasion pour la première fois à propos d’un musicien, est depuis devenue fort banale, et s’applique même désormais à tout opéra où l’élément populaire et fantasmagorique intervient ; mais alors ce cri échappé à l’enthousiasme du moment, ce cri spontané avait un sens, et voulait dire tout simplement que l’art musical venait de rencontrer au théâtre une de ses plus glorieuses manifestations, car, selon nous, le romantisme est inhérent à la nature même de la musique, et dire d’une partition qu’elle est romantique dans la haute et sérieuse expression du mot, c’est la proclamer un chef-d’œuvre et reconnaître qu’elle répond aux conditions essentielles de l’art.