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la philosophie positive.

ici d’ontologie abstraite, il ne s’agit plus de ces spéculations transcendantes qui veulent saisir et décrire les propriétés de l’absolu, comme on fait celles du triangle ou du cercle. Il s’agit de savoir s’il est interdit à l’homme de dépasser l’univers des sens, d’atteindre les causes derrière les effets, et, par-delà les causes finies, de s’élever à l’idée d’une cause parfaite, d’entrevoir et d’adorer parmi les impénétrables profondeurs de sa nature infinie ceux de ses attributs dont elle a répandu sur la face de l’univers l’éclatant témoignage, et ces perfections plus saintes encore dont nous retrouvons en notre ame quelques rayons obscurcis, la sagesse, la justice, la félicité.

Voilà le grand objet de la métaphysique, non, je l’avoue, comme on l’entend aujourd’hui en Allemagne, mais comme l’ont entendue et pratiquée tous ces fermes génies qui ont connu la vraie force et la vraie lumière, qui n’ont pas employé leur vigueur à lutter contre l’impossible, ni leur profondeur à n’être compris de personne et à se perdre eux-mêmes dans l’abîme de leurs spéculations. À entendre les défenseurs de la philosophie positive, on croirait en vérité que les métaphysiciens forment dans l’histoire une famille de rêveurs, se berçant de chimères, habitant au sein des nuages, étrangers aux sciences positives, à l’observation de la nature et du genre humain. Or, l’un de ces rêveurs est tout simplement le plus grand moraliste de l’antiquité ; l’autre en est le plus grand politique, et il est en même temps l’auteur de cette Histoire des Animaux devant laquelle s’inclinait Cuvier. Un autre est l’inventeur de l’analyse mathématique, l’instrument le plus puissant que la géométrie ait manié ; tel autre enfin a découvert le calcul infinitésimal, et, si Newton lui dispute ce beau titre, il en est un du moins que nul ne lui pourra disputer : c’est d’avoir jeté sur l’ensemble des sciences et des choses humaines le coup d’œil le plus perçant et le plus étendu qui les ait jamais embrassées. Ce sont là ces rêveurs, ces esprits creux que la philosophie positive accuse d’illusion ! Comme s’ils avaient jamais songé à séparer la métaphysique des sciences positives, comme s’ils avaient jamais prétendu à cette vague et ambitieuse ontologie de quelques esprits intempérans ! Est-ce par hasard Aristote qui a prétendu construire a priori la science de Dieu, lui, le philosophe de l’expérience, à qui la théorie platonicienne des idées était suspecte, parce qu’elle lui paraissait abandonner trop tôt le terrain solide des faits pour s’envoler dans les régions de l’intelligible ? Platon lui-même, tant accusé d’avoir trop caressé de brillantes chimères, savait aussi reconnaître les limites de l’humaine intelligence. Dans son ouvrage le plus hardi, le Timée, cette genèse du platonisme, il commence par ces paroles tant de fois citées : « Il est difficile de trouver l’auteur et le père de l’univers, et impossible, après l’avoir trouvé, de le faire connaître à tout le monde. »

Quand il s’agit seulement de remonter des idées à leur principe et de