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qu’une solution pacifique, et c’est la plus probable, n’ôte pas beaucoup d’intérêt à la poursuite des hostilités contre le Mexique. A quel prix mettra-t-on l’accommodement, et jusqu’à quel point l’Angleterre s’en trouvera-t-elle blessée ? Nous la croyons assez prudente pour ne s’exagérer jamais les torts qu’elle souffre. Le Mexique, et avec lui toute l’Amérique du Sud, ne lui achètent pas autant que les États-Unis ; toute province entrant en communication plus étroite avec la fédération lui deviendra certainement un débouché plus sûr et plus large à mesure qu’elle prendra de nouvelles mœurs et s’organisera d’une façon plus stable. L’Angleterre voudra-t-elle, de propos délibéré, se fermer un si vaste marché pour garder un empire plus absolu que lucratif sur un marché beaucoup moindre ? Toute la question est là.

Il y a d’ailleurs dans le développement toujours croissant des États-Unis un fait très remarquable dont il faut tenir grand compte : c’est la juxtaposition plutôt que la fusion des diverses nationalités européennes sur un même territoire et sous une même loi politique. Les Anglo-Saxons finiront peut-être par devenir une minorité : les populations françaises du sud ont leurs organes spéciaux et leurs tendances propres ; les Irlandais, si nombreux, retrouvent, dans les natifs américains les descendans de leurs oppresseurs, et portent encore, dans une patrie nouvelle, le besoin de venger leur première patrie ; l’émigration allemande augmente dans des proportions extraordinaires, fonde des villes, peuple des districts entiers, et se perpétue dans son isolement avec toute l’obstination germanique. Vienne maintenant une souche espagnole, et qui sait ce qui arrivera d’un empire où seront représentées toutes les nations rivales de l’ancien monde !



VARIETES LITTERAIRES.




QUELQUES PAGES A AJOUTER AUX OEUVRES DE MOLIERE.


On plaidait hier pour une signature de Molière ; aujourd’hui, voici quatre ou cinq pages oubliées de ce grand homme, qu’un heureux hasard nous permet de remettre en lumière et d’indiquer à un futur éditeur. Ces reliques, au reste, nous le confessons tout d’abord, ne sont pas d’une bien haute portée littéraire ; il ne faut pas qu’on s’attende à une scène originale, hardie, digne des ciseaux de la police, à un pendant, par exemple, de la scène du pauvre, si long-temps absente du Festin de Pierre. Sauf quelques mots qui sentent leur don Juan et qui montrent à nu l’élève enjoué de Lucrèce et de Gassendi, nous n’avons mis la main que sur quelques jovialités burlesques ; mais il s’attache un intérêt si vif et si légitime à tout ce qu’on peut croire sorti de la plume de l’auteur du Misanthrope, que nous n’hésitons pas à faire confidence au public de ce que nous appellerons notre trouvaille, pour ne pas abuser, comme on fait chaque jour, et pour beaucoup moins, du grand mot de découverte.

Il s’agit de cent cinquante vers macaroniques qui se rencontrent en plus dans une