général des théatins, auront désormais une place notable dans les conseils du saint-siège.
Quant à l’Autriche, nous ne supposons pas le moins du monde que le cardinal Mastaï ait été précisément choisi pour lui être désagréable ; les défiances de la cour de Rome à notre endroit ne sont pas tellement apaisées, que nous puissions si vite compter sur un pape français : ce qu’il nous faut avant tout, c’est un pape italien ; ce que nous avons à demander, c’est l’ordre et le bien de l’Italie. Le rôle est encore assez glorieux, et M. Rossi nous paraît l’avoir tout-à-fait compris ; nous n’en voulons pas de meilleure preuve que son langage avec les cardinaux. Il y a dès à présent une belle carrière au-delà des Alpes pour l’action pacifique de la France, et les justes conquêtes de l’esprit libéral seraient certainement le plus sûr contre-poids qui pût balancer l’empire de l’Autriche. Les inclinations connues de la Toscane, le penchant de plus en plus décidé du roi de Naples, la situation toute nouvelle du gouvernement sarde, doivent certainement nous encourager. Quoi qu’on ait à dire des intentions du roi Charles-Albert et de leur solidité, il est des idées auxquelles on n’en appelle pas pour rien ; ce qui nous donne en lui quelque confiance, ce ne sont pas les velléités ambitieuses dont le comte Balbo ou le marquis d’Azeglio sembleraient vouloir lui faire honneur : ce seraient beaucoup plutôt certaines manifestations moins éclatantes, mais dont il est impossible de nier la portée. Ainsi, en même temps que la direction de l’instruction publique changeait de mains, il a paru un livre qui traite cette difficile matière d’un point de vue plus hardi qu’on ne l’avait encore osé en Piémont. L’auteur, M. Depoisier, se place expressément sous les auspices même du roi, et il proclame l’aptitude des laïques pour l’éducation de la jeunesse ; il proteste contre tout système qui confierait exclusivement cette tâche au clergé. C’est avec un autre but et sous forme presque officielle la même pensée que celle qui soulève les Légations ; on combat de toutes parts l’envahissement des fonctions civiles par l’église. Que le nouveau pontife sache à propos céder aux nécessités du siècle, qu’il prenne en faveur des populations romagnoles une initiative généreuse, qu’il accorde aux laïques une part convenable dans l’administration temporelle, qu’il commence par exemple à organiser sur des bases sérieuses ces conseils que M. de Broglie avait proposé d’instituer auprès des cardinaux légats ; de pareilles mesures auraient aussitôt beaucoup d’efficacité dans les états romains, beaucoup de retentissement en Italie. Personne n’est mieux doué ni mieux placé que M. Rossi pour engager le pape dans cette politique vraiment italienne ; ses collègues de Naples et de Turin sont faits pour le seconder, et notre diplomatie serait en passe d’accomplir là de grandes choses, si l’on voulait seulement lui changer son mot d’ordre et lui donner quelque meilleur précepte que ce précepte d’impuissance : éviter les questions.
Avec cette devise-là pourtant, on se crée plus d’embarras qu’on n’en élude toute la conduite des événemens en Syrie le démontre assez. Les négociations suivies depuis 1842 au sujet du Liban se résument en un seul point : on a substitué de petites affaires à la grande. La France avait, si l’on peut ainsi parler, un territoire moral en Orient ; le premier effet du concert européen, ç’a été de lui enlever ce territoire ; elle s’est trouvée réduite à compter au plus pour un cinquième là où elle comptait jadis pour tout l’Occident. Si quelque chose pouvait lui rendre un peu de cette équitable prépondérance garantie par des capitulations