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ceux qui se sont livrés à cette branche de l’art, lorsqu’ils s’y étaient préparés par des études suffisantes, ont été étonnés de leurs progrès et ont trouvé dans cette application de leur savoir des ressources inattendues. Il est inutile d’insister sur la nécessité des études préliminaires. Il est évident que, pour aborder la peinture murale, il faut avoir vécu familièrement avec les maîtres de l’école italienne, car ces maîtres illustres peuvent seuls nous initier au vrai style de l’art monumental. Il y a dans les autres écoles des mérites que nous apprécions pleinement, pour lesquels nous professons une admiration sincère. Cependant, lorsqu’il s’agit de peinture murale, nous croyons qu’il vaut mieux consulter Raphaël ou Titien que Rubens, Velasquez ou Albert Durer.

M. Delacroix, qui a souvent montré pour l’école flamande autant de passion que pour l’école vénitienne, a eu le bon goût, en peignant sa coupole, de préférer les enseignemens de cette dernière école. Étant données les études qu’il a faites depuis vingt ans, il ne pouvait choisir plus heureusement. En essayant de suivre les préceptes de l’école romaine ou de l’école florentine, il eût peut-être surpris l’approbation de quelques juges systématiques, mais il eût fait violence à toutes ses habitudes, et n’eût pas conservé l’indépendance et la franchise qui forment la meilleure partie de son talent. Il n’a pas été moins heureux dans le choix du sujet. Il doit à la Divine Comédie son premier succès. Il y a vingt-quatre ans, il a débuté avec éclat en nous montrant Dante et Virgile, et cette toile est aujourd’hui un des ornemens de la galerie du Luxembourg. M. Delacroix, guidé sans doute par la reconnaissance, a cherché dans la Divine Comédie le sujet d’une nouvelle composition, et sa pensée s’est arrêtée sur le quatrième chant de l’Enfer. Dante conduit par Virgile pénètre dans une vallée où se trouvent réunis les poètes, les philosophes et les guerriers les plus illustres de l’antiquité. Cette donnée convient parfaitement à l’art monumental. Elle se recommande à la fois par la grandeur et par la simplicité. M. Delacroix eût trouvé sans peine dans la Divine Comédie plus d’une scène tragique. Il a compris que de pareilles scènes ne conviennent pas à la décoration d’une bibliothèque, et, malgré sa prédilection habituelle pour les compositions dramatiques, il a préféré avec une rare clairvoyance le quatrième chant de l’Enfer. Nous croyons qu’il eût été difficile de faire un choix plus heureux. Le groupe des poètes, le groupe des philosophes, le groupe des guerriers, offrent en effet une variété de types qui se prête merveilleusement à la décoration d’une coupole.

Il y a quelques années, nous avons parlé des peintures exécutées par M. Delacroix dans le Salon du Roi, à la chambre des députés, et nous avons loué, comme nous le devions, les rares qualités qui recommandent ce beau travail. Aujourd’hui nous sommes heureux de pouvoir signaler dans la coupole de la chambre des pairs un progrès éclatant.