jouissent. Ces devoirs sont la persévérance, les efforts de chaque jour, la combinaison des forces individuelles. Pourquoi l’opposition constitutionnelle ne travaillerait-elle pas à suppléer par une organisation officieuse et volontaire aux forces que donnent au gouvernement la centralisation et toutes les ressources doit il dispose ? En parlant ainsi, l’opposition est dans le vrai, et donne un utile exemple C’est ce qu’ont eu le bon goût et la bonne foi de reconnaître les principaux organes du parti conservateur, et nous avons un vrai plaisir à les en louer. L’accord sur un pareil point est un pas de plus dans la pratique de la liberté. On reconnaît de part et d’autre que rien ne peut remplacer l’action libre des citoyens, et que les partis ont le droit de surveiller leurs affaires, en usant de tous les moyens constitutionnels. C’est ainsi qu’on évitera les crises révolutionnaires, pour marcher toujours dans les voies d’un progrès régulier.
Par une ordonnance royale du 11 septembre, M. le ministre de l’instruction publique vient de réaliser un projet auquel applaudiront tous les amis de l’antiquité. A la fin de l’an dernier, M. de Salvandy avait envoyé en Grèce un des membres les plus distingués de l’université, profondément versé dans la langue et la littérature grecque, M. Alexandre Cet inspecteur-général a visité non seulement la Grèce, mais tous les points de la Turquie et de l’Asie-Mineure où sont établis les collèges des lazaristes, si utiles au christianisme et à ! a France. Il a consigné dans un rapport plein d’intérêt les besoins, les vœux de ces établissemens ; il a signalé les secours que pouvait leur accorder la munificence de la France. Ces secours, nous n’en doutons pas, ne seront pas refusés ; mais M. de Salvandy a voulu faire plus : il a voulu fonder à Athènes même une école française, imitation heureuse de celle qui existe à Rome pour la peinture. Cette école sera soumise à la haute surveillance de notre ministre en Grèce. Elle servira tout ensemble à étendre notre influence sur ce point extrême de l’Europe, et à former chez nous les grandes études classiques. Quand deux générations de jeunes professeurs auront passé quelques année sur le sol hellénique, non-seulement la philologie française n’aura plus à craindre aucune infériorité, soit vis-à-vis de l’Allemagne, soit vis-à-vis de l’Angleterre, mais elle pourra retrouver la glorieuse prééminence qu’elle exerça au XVIe siècle.
Les grandes questions commerciales et politiques soulevées par la doctrine du libre échange seront bientôt chez nous à l’ordre du jour ; le moment n’est peut- être pas loin où l’on devra les envisager du point de vue pratique. Il importe ici d’éviter les entraînemens ; on doit regarder beaucoup autour de soi avant de rien risquer, et n’imiter rien qu’à bon escient ; comme les exemples se multiplient, il faut les étudier tous à mesure qu’ils se présentent. On prend toujours l’Angleterre pour point de comparaison, et l’on se borne trop volontiers à discuter les derniers règlemens de sir Robert Peel pour y chercher des argumens dans un sens ou dans l’autre. Nous voudrions qu’on observât avec le même soin la marche récemment suivie par le gouvernement hollandais dans son traité de commerce avec la Belgique. On verrait encore là que ces graves difficultés d’intérêt matériel ne se tranchent point avec la rigueur impérieuse des principes abstraits, mais se résolvent au contraire d’une façon moins absolue par des considérations plus positives. Tout l’ensemble de ces rapports nouveaux définitivement introduits entre les deux peuples voisins est sans doute dominé par un principe de liberté ; c’est une atteinte de plus à ce vieux système protectioniste