que “ce n’est pas en adoptant certaines théories qui par leur nature sont inapplicables à la situation et aux mœurs des états de l’église, ni en s’associant à certaines tendances dont il est tout-à-fait éloigné, que le saint-siège croit pouvoir faire le bonheur de ses peuples. » Ce langage n’a rien qui puisse alarmer ni mécontenter les vrais amis de l’Italie. Personne ne songe sans doute à demander qu’à Rome on établisse les deux chambres. Il y a des choses plus nécessaires et plus faciles. Une bonne administration de la justice, une meilleure éducation publique, la législation civile mise en harmonie avec les progrès accomplis chez presque tous les peuples de l’Europe, l’accession des laïques aux emplois temporels, voilà ce qui, pour les états romains, est le plus urgent et le plus désirable. Ce bien réel, positif et pratique, pour parler comme le cardinal Gizzi, Pie IX a la volonté de l’accomplir, et il sera soutenu dans cette œuvre par l’opinion et les vœux des représentans les plus éclairés de la société romaine. Quand on compare cette situation avec ce qui s’est passé dans ces dernières années, il faut reconnaître un heureux contraste.
C’est une bonne fortune pour notre ambassadeur que d’assister à cet acheminement vers d’utiles réformes. Sous ce rapport, les circonstances ont favorisé, elles ont pour ainsi dire récompensé l’habileté de M. Rossi Quand, par sa rare sagacité, par une attitude pleine de calme, M Rossi eut su s’environner à Rome de la considération la plus méritée, il a vu s’ouvrir un conclave. C’était une grande affaire Le conclave pouvait être long, offrir une lutte animée entre les diverses influences des partis italiens et des gouvernements étrangers. Contre l’attente générale, tout s’est accompli avec une heureuse rapidité. Le nouveau pape a pour la France une bienveillance qu’expliquent son caractère et ses intentions. Pie IX sait bien que ses projets d’améliorations ne peuvent que rencontrer dans le gouvernement français une sympathie sincère. Il appartient à la France, à son ambassadeur, de soutenir, d’encourager par son influence tout ce que le saint-siège, bien inspiré, entreprendra de salutaire pour les états romains et pour l’Italie.
Le gouvernement de 1830, son esprit, sa politique, comptent aujourd’hui dans la diplomatie quelques représentans éminens qui savent le servir avec une distinction que couronne le succès. A côté de M. Rossi, il est juste de nommer M Bresson, qui, à Madrid non moins qu’à Berlin, a obtenu de notables résultats. A la cour de Prusse, le comte Bresson avait été le négociateur habile et heureux du mariage de l’héritier du trône avec une princesse que l’Allemagne nous envie après nous l’avoir donnée. Il se trouve aujourd’hui le médiateur du mariage de M. le duc de Montpensier, mariage dont la nouvelle a causé une si grande surprise à Madrid, à Paris et à Londres. A Madrid, M. Bulwer était dans une sécurité profonde, et rien ne lui fait pressentir une conclusion si prompte ; à Paris, on assure que c’est le roi lui-même qui aurait appris la nouvelle à lord Normanby, et ce serait l’estafette du Times qui, à défaut d’un courrier se serait chargé de la dépêche de l’ambassadeur pour le cabinet anglais. A Londres, les ministres étaient dispersés quand la nouvelle est parvenue, et lord Palmerston notamment accompagnait la reine dans une de ses promenades sur mer. Toutes ces petites circonstances ont pu augmenter encore le dépit du ministère whig. Est-ce pour cela que la polémique du Times, loin de s’adoucir, devient plus vive et plus aigre ? Puisque l’Angleterre, suivant le Times, professe une si grande