leurs enfans. Sir Charles espérait trouver quelque résistance qui l’autorisât à mettre la ville au pillage, mais, à son grand regret, pas une amorce ne fut brûlee, et la forteresse se rendit dès la première sommation. Le plus grand nombre des amirs ii’avaient pris aucune part aux combats qui venaient de se livrer ; quelques-uns, et notamment Roustam, avaient fait ce qu’ils avaient pu pour les prévenir, si bien qu’il fallut rendre leurs épées à la plupart d’entre eux. Il ne restait donc pas une ombre d’excuse pour rançonner la ville et ses palais ; mais, d’un autre côté, si l’on s’en abstenait, il n’y aurait plus de butin. Dans cet embarras, sir Charles et les commissaires des prises imaginèrent un moyen nouveau, mais peu honnête, d’en arriver à leurs fins. Un des officiers anglais avait une concubine qui suivait l’armée. Lorsque les malheureuses princesses durent quitter leurs résidences qu’on allait convertir en casernes, on aposta cette femme pour les visiter et les fouiller une à une, ainsi que leurs suivantes, sous prétexte de s’assurer qu’elles n’emportaient aucune partie du trésor public. Cette misérable ne s’acquitta que trop bien de sa mission. Les dames musulmanes, effrayées et choquées d’un pareil contact, s’élancèrent, pieds nus, hors de leurs litières qu’elles abandonnèrent derrières elles, et, pour simplifier les recherches auxquelles on voulait les soumettre, elles arrachèrent elles-mêmes leurs bijoux qu’elles jetèrent à leurs avides spoliateurs. Elles perdirent ainsi à peu près tout ce qu’elles possédaient.
Au mois de mars 1843, lors des premieres ventes du butin d’Hyderabad, on avait déjà vu des litières, des couchages et jusqu’à des vêtemens de femmes mis à l’enchère ; mais les honnêtes gens avaient crié au scandale, et on avait suspendu cette opération. La circulation de la liste en question a remis ce fait en memoire, et a été l’occasion d’une enquête qui a tiré de l’oubli beaucoup d’autres scènes pareilles. Cette fois, l’opinion publique s’est irritée tout de bon. La presse entière s’est soulevée contre de pareils actes, mais c’est surtout au Bombay-Times, le journal le plus grave et le plus considéré de la colonie que doit revenir l’honneur d’avoir donné le premier exemple d’une vertueuse indignation. Nous trouvons dans son leading article du 30 mai 1846, ces expressions remarquables : « Nous pensons qu’en voilà bientôt assez pour faire monter la honte avec le sang sur la joue de tout honnête Anglais. Jusqu’ici nous n’avions pas encore pillé les appartemens des princesses ni stimulé le courage de nos soldats en leur partageant des vêtemens et des bijoux de femmes. Ceci est le comble de l’infamie… Hélas ! Cette conquête du Sind, quelle sale et triste page elle présente dans l’histoire ! Mais nous aurons notre récompense. Des actes tels que ceux-ci ne vont pas sans leur punition même dans ce monde. Fasse le ciel que nous n’ayons pas quelque jour, dans l’Inde comme à Caboul, à boire la coupe d’expiation jusqu’à la lie ! »
Rendons toutefois cette justice à l’armée anglaise de l’Inde : le cri d’indignation poussé par la presse a trouvé dans ses rangs un écho presque universel. Un grand nombre d’officiers ont refusé d’avance de recevoir leur part du butin, et dans plusieurs corps, on a même commencé une souscription pour racheter certains ornemens qu’il était facile de reconnaître comme ayant appartenu aux princesses. Le fait est cependant que la vente n’en aura pas moins lieu, malgré les infames moyens qui ont fait tomber ces trésors aux mains des capteurs. Ainsi le veulent les règlemens du service (that by the regulations of the service they