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MORT DU KHAN DE KHYRPOUR.




LES ANGLAIS DANS LE SIND. – LE COMITE DES PRISES.




Une discussion intéressante pour quiconque a suivi avec attention les derniers évènemens de l’Inde a été récemment soulevée par les journaux de Bombay. Cette discussion (nous pourrions dire ces réflexions, car les avis au fond étaient unanimes) a porté sur deux graves incidens que la Providence semble avoir voulu rapprocher comme pour éclairer d’une triste lumière la politique de l’Angleterre dans l’Inde et la conduite de ses agens. L’un de ces incidens est la mort de Mir-Roustam, khan de Khyrpour, le premier par l’âge et le rang des amirs du Sind dépossédés par la compagnie et déportés par elle dans la présidence de Bombay ; ce personnage a succombé à une attaque de cholera à Pouna, le 27 mai 1846. L’autre fait est la mise à l’enchère des objets dont le prix doit être distribué, comme butin, à l’armée qui a conquis le Sind.

En annonçant la mort de l’amir de Khyrpour, la presse locale de l’Inde anglaise a cédé pour la première fois à un mouvement de généreuse indignation contre la direction générale du gouvernement de l’Inde et contre quelques-uns de ses hauts fonctionnaires. Les articles qu’elle a publiés a ce sujet sont autant de documens précieux qui méritent d’être signalés à l’attention de la France. Toutefois, en recueillant ces tristes aveux, nous n’oublierons pas que nous nous exposons à bien des récriminations, car, si les Anglais consentent quelquefois à reconnaître leurs erreurs, c’est à la condition de n’être entendus de personne, et ils ne souffrent point dans la bouche ou sous la plume des étrangers le blâme qu’ils s’infligent à eux-mêmes. Pour éviter donc le plus possible les démentis de la presse britannique, peu scrupuleuse quand il s’agit d’intercepter la vérité sur les affaires de l’Inde et de contredire au besoin les documens les plus authentiques, nous n’invoquerons contre l’Angleterre d’autre témoignage que celui des