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personne n’imaginait un terme à l’union, il n’y eut jamais de résistance, et le sentiment germanique, plus ou moins engourdi, s’effaçait beaucoup.

Peu à peu cependant les tendances philosophiques et littéraires du siècle avaient pénétré jusqu’en Danemark même. Le goût des origines et le culte des races primitives s’étaient transmis là comme partout ; l’amour de la nationalité s’y développa bientôt à la façon allemande. Ce furent d’abord ses meilleurs fruits qu’il donna. Quelques personnes isolées et studieuses se dévouèrent à la recherche des antiquités scandinaves ; elles célébrèrent les vieilles œuvres poétiques nées sur le sol danois, et s’affligèrent que le public danois les oubliât pour des œuvres étrangères ; il n’était point encore question de politique. Le bruit de 1830 tira seul le Danemark de l’indécision stérile où il s’endormait malgré lui sous l’immuable régime de 1660. il fallut alors octroyer des états provinciaux dans chacune des grandes divisions de la monarchie, à Schleswig et à Itzehoe, à Viborg et à Roeskild ; mais ces états n’avaient en somme qu’une voix consultative, et naturellement il se forma tout aussitôt une opposition dans le sens des idées françaises. Celle-ci fut d’abord combattue par les amateurs du passé scandinave, qui professaient le respect de la loi royale à titre d’obligation patriotique, comme si le despotisme eût été d’invention danoise. Les libéraux finirent pourtant par se concilier et par dominer leurs adversaires, par en tirer de puissantes ressources. Ennemis acharnés de la bureaucratie officielle, qui reconnaissait toujours la suprématie nécessaire de la langue allemande dans les duchés, ils s’étaient avisés de réclamer en faveur de la langue danoise ; c’était de leur point de vue propre une garantie démocratique pour les pauvres gens qui la parlaient ; ce fut, aux yeux des vieux Danois, un trait qui méritait toute gratitude, et les deux camps n’en firent plus qu’un. Voilà ce que c’est que le parti scandinave tel qu’il est aujourd’hui composé, voilà comment il prêche à la fois les idées constitutionnelles et les souvenirs prétendus nationaux de l’union de Calmar : assemblage forcé de doctrines incohérentes où se révèle toute l’inexpérience d’un début politique ; il suffit, pour en juger, de lire les discours de M. Orla Lelimann, le publiciste et l’orateur du scandinavisme.

L’action de ce parti sur les duchés a néanmoins été considérable ; il s’en faut qu’elle ait été très heureuse. Les scandinaves ont imaginé qu’il n’y avait d’institutions représentatives possibles qu’à la condition d’une inflexible unité nationale, et, pour premier tort, ils ont commencé par retrancher le Holstein de la sphère politique du Danemark. Que leur importait, d’ailleurs, puisqu’ils espéraient déjà réunir par adoption les familles royales de Danemark et de Suède, traverser le Sund, s’attacher, malgré toutes les répugnances et tous les souvenirs, la Suède et la