été appelés à la porter. Aliéné depuis lors pendant trois siècles, à titre d’apanage, au profit des branches cadettes de la famille royale le Schleswig a été définitivement réintégré par les armes en 1713, légitime avantage conquis sur des vassaux révoltés et sanctionné d’ailleurs soit dans la paix générale de 1720, soit dans le traité russe de 1773.
Terre tout allemande, le Holstein a toujours été pour ainsi dite juxtaposé au Danemark mais, à la différence du Schleswig, il ne lui a point été incorporé ; il lui a fourni ses rois, mais les rois de la maison d’Oldenbourg ont gouverné le Holstein parallèlement avec le Danemark, comme les princes de Brunswik ont gouverné le Hanovre parallèlement avec l’Angleterre. Aliéné en partie comme le Schleswig, il n’a peut-être pas été si péremptoirement réintégré. Un instant il est vrai, fondu dans le royaume, en 1806, après la chute du saint-empire, le Holstein a ressaisi et devait ressaisir cette sorte d’indépendance en 1815 après la chute de l’empire français de nouveau distingué du royaume, il n’a pas cessé de lui être agrégé.
Quant au Lauenbourg, on sait comment le congrès de Vienne, dépouillant Frédéric VI de la Norwége, finit par lui accorder ces deux petits bailliages en guise d’indemnité Le congrès aurait encore fait beaucoup moins pour le Danemark et beaucoup plus pour la Suède, s’il se fût prêté aux intentions d’Alexandre et aux convoitises de Charles-Jean. La diplomatie européenne prévit par bonheur les fâcheux résultats d’une spoliation trop radicale. Solennellement installée dans la possession exclusive des pays allemands qu’elle s’était à si grand’peine ou associés ou soumis, la monarchie danoise se consola de ses revers en pensant qu’ils pouvait encore lui coûter davantage. Elle ne s’attendait pas alors aux complications qui menacent maintenant de lui ôter une moitié de cette moitié qu’on lui laissait en 1815.
Voici en effet ce qui se passe et comment, après cette longue communauté d’existence, les duchés de Schleswig et de Holstein, le Lauenbourg lui-même, leur récente annexe, semblent à la veille de se séparer du Danemark. La branche régnante d’Oldenbourg touche à sa fin ; l’extinction de la dynastie paraît sinon très prochaine, du moins très assurée ; la descendance lui manque. Le fils unique de Christian VIII, Frédéric-Charles, prince royal, n’ayant point eu d’enfant de sa première femme, Wilhelmine de Danemark, s’est remarié en 1841 avec la princesse Caroline de Mecklembourg-Strelitz, sans avoir été jusqu’ici plus heureux ; la princesse est même retournée dans son pays et elle a signifié l’intention d’y rester. Des intrigues et des raisons de toute sorte ont empêché jusqu’ici un nouveau divorce et une troisième alliance. A défaut d’héritiers dans la ligne directe, ses collatéraux arriveraient ainsi à la succession : c’est là que naissent les difficultés. Lorsque la révolution de 1660 eut fondé le gouvernement absolu en Danemark,