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hiéroglyphique se vérifièrent et s’appuyèrent de tant d’exemples nouveaux, qu’une seconde édition de ce précieux livre devint bientôt nécessaire. Il ne sera pas inutile de rappeler ici que, chemin faisant, il vit à Aix, chez M. Salliès, un papyrus hiératique, devenu depuis lors la propriété de l’Angleterre, et qui contenait le récit d’une campagne de Ramsès-le-Grand, le Sésostris des historiens. Pendant son séjour en Italie, il adressa à M. le duc de Blacas plusieurs lettres qui eurent un très grand retentissement. Depuis quelques années, Champollion avait commencé la publication d’un recueil intitulé Panthéon égyptien ; souvent les idées émises dans les premières livraisons durent être modifiées par suite de découvertes ultérieures, et l’auteur eut toujours la bonne foi de corriger lui-même les assertions qui, plus tard, lui semblèrent erronées. Ce livre est resté inachevé, mais il faut espérer que dans un avenir prochain le même sujet sera repris par quelque habile disciple de la doctrine de Champollion ; les études égyptiennes auront évidemment beaucoup à y gagner.

L’arrivée en France du fameux zodiaque circulaire de Denderah, monument sur lequel on avait de longue date fondé des théories très hasardées, mit en émoi partisans et antagonistes de ces théories. On avait prétendu que le temple qui le contenait devait appartenir à une antiquité fabuleuse ; la lecture des cartouches royaux inscrits sur les murailles de la salle même dont il ornait le plafond fit crouler toutes les hypothèses hardies que l’on avait inconsidérément déduites de la disposition des groupes stellaires qui s’y trouvaient représentés. Ce zodiaque datait, à n’en pas douter, de l’époque romaine, et voilà qu’un fait bizarre, tout récemment révélé au monde savant, est venu jeter une nouvelle incertitude sur une question qui paraissait définitivement jugée. Les cartouches de la salle du zodiaque sont vides, leur surface est lisse et très clairement dégarnie de signes, de telle sorte qu’il faut bien admettre que les dessinateurs de la commission d’Égypte, frappés de la présence de certains groupes de signes constamment reproduits dans les cartouches qu’ils avaient copiés sur d’autres parties du même monument, se sont à tort figuré que, quant à la salle du zodiaque, les encadremens elliptiques laissés en blanc sur leurs croquis ne l’avaient été que par économie de temps ; c’est cette erreur qui les a conduits à restituer dans ces cartouches les noms qu’offraient les autres cartouches du même temple. Hâtons-nous de dire que cette erreur matérielle ne change rien au fond de la question ; les ornemens hiéroglyphiques du temple sont incontestablement de l’époque impériale, et le zodiaque est très certainement leur contemporain. Que d’ailleurs le thème céleste qui s’y trouve présenté ne soit qu’une reproduction fidèle d’un zodiaque exécuté plusieurs siècles avant cette époque, c’est ce que je ne me permettrai pas d’affirmer ou de nier. De plus habiles se chargeront de