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plus zélés partisans MM. de Humboldt et Arago, est exacte, la composition chimique des aérolithes mérite toute notre attention. En tout cas, ces masses, bien certainement étrangères à notre planète, peuvent être considérées comme de véritables échantillons de ces mondes qu’on a cru long-temps ne pouvoir explorer qu’à l’aide des instrumens d’optique et du calcul. La chute de ces corps, comme l’observe très justement M. de Humboldt, est le seul événement cosmique qui mette notre planète en contact avec les autres parties de l’univers ; c’est la seule occasion qui s’offre à nous d’apprécier à l’aide des moyens ordinaires les formes revêtues par la matière hors de notre globe. Eh bien ! les analyses les plus exactes, maintes fois répétées par les plus habiles chimistes, ont démontré que la composition des aérolithes était partout à peu près semblable, qu’en aucun cas ces astéroïdes n’apportaient sur la terre aucun élément nouveau. Au point de vue où nous sommes placés en ce moment, ce fait n’a-t-il pas un immense intérêt ? Ne semble-t-il pas être, comme nous le disions tout à l’heure, une véritable confirmation des idées d’Herschell ?

Aussi M. de Humboldt n’a-t-il pas hésité à admettre pleinement et sans restriction aucune la théorie de l’astronome anglais. Quelques personnes lui ont reproché de s’être montré par là infidèle à son programme, d’avoir abandonné pour des hypothèses aventurées l’empirisme pur qu’il déclarait devoir être son seul guide. Ces critiques nous paraissent mal fondées. D’un côté, comme nous venons de le voir, la théorie d’Herschell n’est pas aussi dénuée de fondement qu’on pourrait d’abord être tenté de le croire. Elle a rallié autour d’elle de nombreux et imposans suffrages. M. Arago entre autres, dont les opinions en astronomie physique ont une autorité si justement méritée, n’a pas hésité à l’étayer de nouvelles preuves dans la notice remarquable consacrée par lui aux travaux de William Herschell. D’un autre côté, cette théorie a seule permis à M. de Humboldt de coordonner l’ensemble des faits qu’il voulait exposer en rattachant à une cause première un petit nombre de causes secondaires, d’où résultent à leur tour presque tous les phénomènes du monde physique. La théorie nébulaire est comme l’ame de Cosmos ; elle en relie ensemble toutes les parties, et donne à l’ouvrage entier, malgré la diversité des tableaux que l’auteur fait passer sous nos yeux, une unité bien réelle.

Voyons comment, en vertu de cette donnée générale, a pu se former le système particulier dont notre soleil est le centre, dont notre terre fait partie ; voyons comment il est possible de rattacher à cette origine le passé et le présent de notre globe. La matière cosmique disséminée dans l’espace s’est condensée à un moment donné, et ses molécules, se dirigeant vers un centre d’attraction unique, ont formé d’abord une nébuleuse, puis une nébuleuse stellaire, puis enfin une étoile, c’est-à-