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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 mai 1846.


Une discussion plus approfondie qu’on ne semblait pouvoir l’attendre a précédé le vote de la chambre sur les chemins de fer. Le réseau déterminé par la loi de 1842 n’est plus seulement à l’état de projet : les allocations financières sont assurées pour toutes les lignes ; les travaux sont en cours d’exécution sur tous les points du royaume, et des voies secondaires, ajoutées depuis à ce grand ensemble, sont venues le compléter, et peut-être l’étendre au-delà des véritables besoins et des limites de la prudence. Le chemin de l’ouest, voté cette année sur un parcours de 624 kilomètres, complète les six grandes directions destinées à rayonner autour de la capitale et à mettre Paris en communication avec tous les points du territoire. La direction du nord-ouest va, par Rouen, le Havre, Caen et Cherbourg, vers la Manche ; celle du nord se prolonge, par Valencienne et Lille, vers le réseau belge, et, par Dunkerque et Calais, vers l’Angleterre. La direction de l’est atteint, par Metz ; Nancy et Strasbourg, les chemins de la Bavière et de la Prusse rhénane ; celle du midi, par Lyon, Avignon et Marseille, unit la mer du Nord à la Méditerranée ; la direction du centre et du sud-ouest dessert, d’une part, des populations jusqu’aujourd’hui déshéritées, et, de l’autre, le cours magnifique de la Loire jusqu’à Nantes. La double direction de l’ouest relie la Bretagne à la Normandie par les embranchemens d’Alençon et de Caen, et se prolongera infailliblement un jour, par Le Mans, Laval et Rennes, jusqu’aux grands ports de Lorient et Brest.

De tous les systèmes exécutés en Europe, le système des chemins de fer français est à la fois le plus rationnel et le plus complet, et, sous ce rapport du moins, nous n’aurons pas perdu pour attendre. Il faut féliciter les chambres d’avoir conduit à bonne fin une œuvre aussi difficile, et que l’aveugle intervention des intérêts locaux a rendue plus laborieuse encore. Quelques concessions regrettables ont été faites, sans doute, à ces intérêts égoïstes ; mais elles sont toujours parties de l’initiative du gouvernement, et les chambres ont résisté avec une énergie dont il est juste de leur savoir gré. La discussion qui vient de finir en a offert de nouveaux exemples, et M. Dumou a dû se féliciter, comme ministre spécial, des échecs qu’il a éprouvés comme ministre politique. M. le