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inintelligible pour la masse des lecteurs. Bien qu’il soit généralement difficile d’initier le public à ces sortes de conceptions, nous ne renonçons pas cependant tout-à-fait à l’espoir de faire comprendre, du moins par analogie, en quoi consiste le fait découvert par M. Faraday. Quelques mots d’explication préliminaire sont ici indispensables.

Chacun sait que la lumière se réfléchit plus ou moins à la surface de tous les corps, et qu’en traversant les corps transparens un rayon de lumière se brise, se réfracte, comme disent les physiciens, et produit ces couleurs brillantes et variées qui ressemblent aux couleurs de l’arc-en-ciel. A défaut d’autres instrumens de physique, un petit miroir à barbe placé devant nos yeux et une carafe d’eau exposée au soleil suffiraient pour établir ces deux grandes propriétés de la lumière qu’on appelle la réflexion et la réfraction. Quiconque a eu l’occasion, dans sa vie, de se trouver dans une chambre ornée de deux glaces placées vis-à-vis l’une de l’autre a pu remarquer facilement les images nombreuses que ces deux glaces se renvoient mutuellement par une suite de réflexions répétées. Les glaces dont on se sert dans les appartemens sont étamées ; mais on sait que cette préparation n’est pas nécessaire pour produire la réflexion, et l’on n’a qu’à jeter les yeux sur le premier bassin, sur la première pièce d’eau qu’on rencontrera, pour se convaincre que des corps transparens peuvent, sans étamage, réfléchir abondamment la lumière et renvoyer à l’œil l’image des objets qui les environnent. Ces choses une fois admises, supposons, pour fixer les idées, que sur la surface d’une lame de verre bien polie, mais sans tain, on fasse arriver un rayon de lumière, de façon que ce rayon faisant, avec la surface de cette lame, un certain angle (cet angle que les physiciens ont déterminé est de 35 degrés 25 minutes), il doive être réfléchi verticalement de haut en bas. Si maintenant, au-dessous de cette lame de verre, on en place une autre égale et parallèle à la première, le rayon réfléchi verticalement par celle-ci rencontrera cette seconde surface qui le réfléchira de nouveau, de manière qu’après ces deux réflexions l’image de l’objet d’où le rayon lumineux émanait sera portée à l’œil d’un observateur placé convenablement. Mais si cette seconde lame de verre, conservant toujours la même inclinaison par rapport au rayon vertical, commence à tourner autour de ce rayon comme elle pourrait le faire autour d’un axe ou d’un pivot, il arrivera que l’image de l’objet doublement réfléchi, qu’on voyait assez bien d’abord, commencera par s’affaiblir, et finira par disparaître complètement : elle reparaîtra ensuite peu à peu, pour disparaître encore à mesure que le mouvement de rotation s’accomplit, de façon que, lorsque le second miroir aura fait une révolution complète, l’image aura disparu deux fois et reparu également deux fois. Pour nous représenter plus facilement la chose, imaginons qu’une glace plane sans tain soit placée dans une chambre à peu près comme le sont quelquefois dans les galeries certains tableaux qu’on incline en baissant un peu la partie supérieure, afin qu’ils soient mieux vus, et supposons en même temps qu’une autre glace, exactement pareille à la première, soit placée parallèlement au-dessous de celle-ci. Supposons en outre que cette seconde glace soit implantée obliquement sur un support droit placé au centre d’une de ces petites tables rondes, si communes dans les appartemens, et qui, sans changer de place, peuvent tourner horizontalement sur elles-mêmes, autour de la tige ou du pied qui les soutient. Si un rayon lumineux, après avoir