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« Un pareil résultat ne peut être obtenu que par une direction ferme, éclairée et persévérante. En premier lieu, il faut avoir constamment en Chine un représentant officiel et avoué, et qui ne soit point dans une position à ne pouvoir conserver aucun rapport bienveillant avec les missionnaires. En second lieu, il convient de former le plus tôt possible une école où de jeunes Français étudient la langue chinoise, ainsi que cela a lieu pour les langues du Levant. Il convient d’être prêt pour l’époque où des événemens politiques qu’il importe de prévoir rendraient la Chine, comme l’Inde, victime de la première nation entreprenante qui se présenterait. La Chine, nous voyant désintéressés dans le mouvement commercial de ces parages, nous demandera des hommes capables d’organiser ses moyens de défense, de la faire profiter pour sa sûreté des ressources que lui offre sa nombreuse population. A l’extrémité de l’Orient, notre action doit se trouver la même que sur les bords de la Méditerranée, en Égypte, en Turquie. Ce moyen est probablement le meilleur pour animer des relations commerciales encore fort minimes. Enfin, au milieu des complications nouvelles, il importe plus que jamais de pouvoir laisser les missionnaires, dont le concours sera toujours fort utile, s’occuper exclusivement des soins religieux, et de ne pas les forcer, souvent malgré eux, à entrer dans des affaires auxquelles ils doivent rester étrangers. »


V. DE MARS.



REVUE SCIENTIFIQUE

Le désir de rattacher au mouvement scientifique qui s’opère chez nous les travaux des divers savans répandus dans toute l’Europe a dû nécessairement retarder l’exécution du projet que nous avions annoncé l’année dernière aux lecteurs de la Revue, et que nous considérons comme un des développemens les plus essentiels que soit destiné à prendre ce recueil. Rien ne nous aurait été plus facile, à la vérité, que de donner périodiquement, comme le font la plupart des journaux quotidiens, une analyse détaillée des travaux de l’Académie des Sciences ; mais une telle analyse, qui, dans ces journaux, n’est parfois qu’un simple abrégé des Comptes-Rendus publiés chaque semaine par cette académie, nous a semblé peu digne de nos lecteurs. Avant donc d’entreprendre cette revue scientifique, nous avons dû attendre d’avoir tout préparé, en France et à l’étranger, pour pouvoir, à des intervalles assez rapprochés entre eux, offrir à des lecteurs instruits, mais auxquels nous ne supposerons pas des connaissances spéciales, le tableau des progrès les plus remarquables des sciences pures et appliquées. Dans ce tableau, que nous essaierons d’animer, quand il y aura lieu, par des biographies et par des anecdotes scientifiques, viendront naturellement prendre place les grandes questions industrielles, ainsi que les faits et les discussions d’un autre ordre, qui pourraient intéresser directement l’enseignement des sciences et le progrès des études. Complétant, comme c’est notre intention, une telle revue générale par des articles spéciaux, chaque fois que l’importance des matières l’exigera, nous aurons l’assurance de tenir nos lecteurs au courant du véritable mouvement des sciences, beaucoup mieux que si, au lieu de rédiger une analyse critique et originale des travaux les plus considérables, nous nous bornions au travail banal et facile d’enregistrer, d’après les Comptes-Rendus de