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JOSE JUAN


LE PÊCHEUR DE PERLES.




SOUVENIRS DES CÔTES DE CALIFORNIE.




Au temps où les Indes occidentales reconnaissaient encore la domination espagnole, le port de San-Blas, situé à l’entrée du golfe de Californie, sur la côte de l’ancienne intendance, qui est devenue l’état de Xalisco, était l’entrepôt des îles Philippines. Des navires richement chargés des soieries de la Chine, des épices précieuses de l’Orient, se pressaient dans la rade ; une population affairée remplissait les rues ; des arsenaux bien garnis, des chantiers toujours en activité, faisaient alors de San-Blas le point le plus important de la côte du sud. Aujourd’hui toute cette splendeur s’est évanouie, et San-Blas ne conserve plus que des restes de chantiers, des restes d’arsenaux, des restes de population, le souvenir de son ancien commerce et sa situation pittoresque.

La ville se divise en deux parties, la ville haute, et la ville basse ou la plage. Des arceaux de la Commandance générale, bâtie sur le sommet d’un rocher escarpé, le regard embrasse un des points de vue les plus mélancoliques et les plus beaux qu’on puisse contempler. D’un côté, s’offre la ville haute, silencieuse et dépeuplée, triste et morne comme tout ce qui s’affaisse et tombe en ruine après avoir été puissant ; de l’autre, une épaisse et verte forêt dont les premières cimes viennent caresser, comme un flot de verdure, les fondemens de la Commandance, s’abaisse en amphithéâtre jusqu’à la plage. Un chemin tortueux,