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TOUS.

Célinde !

CÉLINDE.

Vous ne dansez pas ce soir ; je reprends mon service.

LA ROSIMÈNE.

C’est une indignité, c’est une horreur ! J’ai des droits que je ferai valoir ; et mon costume, qui me coûte les yeux de la tête !

CÉLINDE.

Cela regarde M. de Vaudoré.

LE CHEVALIER, s’avançant vers Célinde.

Est-ce à votre ombre que je parle, Célinde ? En tous cas, on n’aurait jamais vu plus gracieux revenant.

CÉLINDE.

C’est bien moi, chevalier. Commandeur, je vous invite pour ce soir. Nous ferons des folies jusqu’au matin ; je tâcherai que vous ne vous endormiez pas.

LE COMMANDEUR, quittant la Rosimène.

Je serai plus éveillé qu’un émerillon.

CÉLINDE.

Marquis, j’ai à me faire pardonner bien des torts. J’ai calomnié l’autre fois votre esprit et vos mollets. — Venez., je serai charmante comme une coupable.

LE MARQUIS. (Il passe du côté de Célinde.)

Un sourire de votre bouche fait oublier bien des paroles piquantes.

CÉLINDE, à part.

Lui prendrai-je son Vaudoré ? Non, il est trop laid et trop bête. Laissons-le-lui ; la clémence sied aux grandes ames.

L’AVERTISSEUR.

Madame, c’est à vous.

CÉLINDE.

Adieu, messieurs, à bientôt… Duc, venez me prendre après mon pas, — vous me conduirez chez moi.

LE CHEVALIER.

Je vous avais bien dit que ces bergeries-là ne dureraient point… Bon sang ne peut mentir.


THÉOPHILE GAUTIER.