Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/951

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CÉLINDE.

Quel aiguillon et quelles pinces ! C’est affreux d’être ainsi poursuivie, par les animaux malfaisans ; hier, j’ai trouvé une araignée énorme dans mes draps.

FLORINE.

Il faut bien que les champs soient peuplés par les bêtes, puisque les hommes comme il faut sont à la ville.

CÉLINDE.

Il me semble que la peau me cuit ; j’ai peur d’avoir attrapé un coup de soleil, j’ai arrosé les fleurs dans le jardin sans fichu.

FLORINE.

La peau de madame est toujours d’une blancheur éblouissante.

CÉLINDE.

Tu trouves ?

FLORINE.

Ce n’est pas comme cette Rosimène, avec son teint bis et sa nuque jaune. Je voudrais avoir l’argent qu’elle dépense en blanc de perles et en céruse.

CÉLINDE.

J’entends les sabots de Suzon qui accourt en toute hâte. Il faut qu’il y ait quelque chose d’extraordinaire. (Entre Suzon.)

SUZON.

Madame, faites excuse d’entrer comme ça tout droit, sans dire gare, dans votre belle chambre comme dans une étable à pourceaux. Il y a là un beau mosieu qui voudrait parler à vous.

FLORINE.

Fais entrer le beau monsieur.

CÉLINDE.

Non ! non…

FLORINE.

Cela nous amusera. — Je serais si contente d’apercevoir un visage humain.


SCÈNE VII.
CÉLINDE, FLORINE, LE DUC.
CÉLINDE.

Ciel ! le duc

FLORINE.

Monseigneur ! quoi ? — C’est vous ?