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Flandre, que l’on ne peut amener aucun secours à la place, et que l’armée française, ainsi que la nôtre, recevront constamment autant de renforts que l’Angleterre et la France pourront en fournir sans que rien l’empêche, — surtout en considérant que les Hollandais sont à présent fort occupés du côté du midi.

« Je vous prie de lui faire savoir que les Anglais ont fait une bonne expérience des expéditions. Ils sont certains, si les Espagnols gardent, la campagne, que ces derniers ne peuvent pas s’opposer au siège, et ne pourront pas non plus diriger une attaque contre la France ni se ménager la possibilité d’une retraite. Que signifient alors tous ces délais, si ce n’est qu’ils donnent aux Espagnols l’occasion de se renforcer d’autant, et de faire que nos hommes servent encore la France un autre été sans la moindre apparence de réciprocité et sans le moindre avantage pour nous ?

« C’est pourquoi, si l’on ne veut pas écouter ceci, je désire que l’on pèse les choses et que l’on nous donne satisfaction pour les grandes dépenses que nous avons faites avec nos forces navales et d’autre manière, dépenses que nous avons encourues dans un but honorable et honnête, pour remplir les engagemens que nous avions pris. Et enfin on peut prendre en considération comment on peut mettre nos hommes en position de nous être rendus, — et nous espérons que nous saurons les employer plus utilement que de les laisser où ils sont.

« Je désire que nous puissions savoir ce que dit la France et ce qu’elle fera à ce sujet : nous serons toujours prêts, en tant que le Seigneur nous assistera, de faire ce que l’on peut raisonnablement attendre de notre part. Et vous pouvez aussi dire en outre au cardinal que nos intentions, comme elles l’ont été, seront de rendre tous les services en notre pouvoir pour avancer les intérêts qui nous sont communs.

« Pensant qu’il est important que cette dépêche vous parvienne vite, nous vous l’envoyons par exprès.

« Votre ami sincère,

« OLIVIER P. »


Aussitôt après, il reprend la plume et écrit


A sir William Lockhart, notre ambassadeur en France.

« Whiteball, 31 août 1657.

« MONSIEUR,

« Après la lettre que nous vous avons écrite, nous désirons que Dunkerque soit le but plutôt que Gravelines, et nous désirons beaucoup mieux qu’il le soit ; — mais l’un des deux plutôt que d’y manquer.

« Nous ne manquerons pas d’y envoyer, aux frais de la France, deux de nos vieux régimens, et deux mille hommes de pied, si besoin est, — si Dunkerque est le but. Je crois que si l’armée est bien retranchée, et si l’on y ajoute le régiment à pied de la Ferté, nous pourrons laisser à la plus gravée