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REVUE DES DEUX MONDES.

De ses habits légers collent les plis mouvans.
Dans ce coin, des buveurs autour d’une bouteille
Ont tenu les propos que le bon vin conseille,
Et rendu l’heure prompte à s’enfuir, excitant
Le chant par la boisson et la soif par le chant.

Où donc sont ces rieurs ? où la danse folâtre ?
Où donc ces pieds mignons, ces épaules d’albâtre ?
Où toute cette joie ? — Où les neiges d’antan.
— Qu’importe, mes amis ? n’en demandons pas tant !
La source coule encore à travers la prairie ;
Ces morts, en y buvant, ne nous l’ont pas tarie ;
L’ombrage qu’ils aimaient ne porte pas leur deuil,
Et, comme il le leur fit, il va nous faire accueil.
Allons, c’est notre tour d’être jeunes, de rire,
D’aimer et d’aspirer les senteurs du zéphyre !
Venez, amis, partons, puisque c’est notre tour,
Et qu’avec soi chacun emmène son amour.
Quand on s’égare aux bois avec une maîtresse,
Et qu’on porte en son sein la puissante jeunesse,
A quoi bon, mes amis, s’informer par quels pieds
Les chemins qu’on parcourt furent jadis frayés ?



OCTOBRE


Puisque Cybèle a clos ses amours de l’année,
Puisqu’elle a - jusqu’à mai, veuve du beau soleil, -
Feuille à feuille quitté sa robe d’hyménée,
Et que, froide déjà, triste et découronnée,
Elle va réparer ses flancs dans le sommeil ;

Puisque les vignerons ont fini la vendange,
Que le vin a coulé sous l’effort des pressoirs,