Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armée ne s’y montra. Sur quoi quatorze cents chevaux, sous les ordres, sous le commandement du major-général Lambert et du colonel Whalley, furent envoyés en avant-garde à Messulburgh, pour voir en même temps s’ils pourraient faire quelque découverte et faire quelque entreprise contre l’ennemi ; je marchais sur leurs talons avec le reste de l’armée. Nos hommes rencontrèrent quelques-uns de leurs cavaliers ; mais ceux-ci ne purent nous arrêter. Nous couchâmes à Musselburgh, le soir, campés tout près, l’armée de l’ennemi étant entre Édimbourg et Leith, à environ quatre mille de nous, retranchés par une ligne flanquée d’Édimbourg à Leith ; leur canon de Leith battant la plus grande partie de la ligne, de sorte que leur position était très forte.

« Le lundi, 29 courant, nous résolûmes de les approcher, pour voir s’ils voulaient nous livrer bataille ; et, quand nous approchâmes de la place, nous résolûmes d’amener nos canons aussi près d’eux et que nous le pourrions, espérant que cela les gênerait. Nous nous aperçûmes aussi qu’ils avaient quelques forces sur une hauteur qui commande Édimbourg, et que de là ils pourraient nous faire du mal, et nous nous décidâmes à envoyer une colonne pour prendre possession de ladite hauteur ; mais, après tout, nous trouvâmes que leur armée n’était pas facile à entamer. Sur cela, nous restâmes tranquilles tout ledit jour, et qui se trouva être un jour dur et une nuit de pluie comme j’en ai vu rarement, et grandement à notre désavantage, l’ennemi ayant assez pour se mettre à l’abri, et nous rien de considérable. Nos soldats supportèrent cette difficulté avec un grand courage et une grande résolution, espérant qu’ils en viendraient bientôt aux mains. Le matin, le terrain étant très humide et nos provisions très rares, nous résolûmes de retraiter à nos quartiers de Musselburgh, pour nous y reposer et y prendre des vivres.

« L’ennemi, quand nous nous retirâmes, tomba sur notre arrière-garde, et la mit quelque peu en désordre ; mais nos corps de cavalerie, étant en assez bon ordre, eurent une escarmouche avec eux, et il y eut un démêlé chaud où ils montrèrent du courage, le major-général et le colonel Whalley étant à l’arrière-garde, et l’ennemi poussant des corps considérables pour soutenir leur première attaque. Nos hommes les chargèrent jusque dans leurs retranchemens et les battirent. Le cheval du major-général reçut un coup de feu au cou et un à la tête ; lui-même, blessé d’un coup de lance dans le bras, et percé dans une autre partie du corps, fut fait prisonnier, mais délivré immédiatement par le lieutenant Empsom de mon régiment. Le colonel Whalley, qui était alors le plus près du major-général, chargea très résolument, et repoussa l’ennemi, et en tua plusieurs sur la place, et fit plusieurs prisonniers, sans aucune perte considérable ; ce qui véritablement les émerveilla et les refroidit tellement, que nous retraitâmes à Musselburgh, mais qu’ils n’osèrent pas envoyer un homme pour nous inquiéter. Nous apprenons que leur jeune roi voyait tout ceci, mais fut très mal satisfait de voir leurs gens ne pas faire mieux.