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avec rage, et le catholicisme qui se cache, il a un second combat à livrer : il lui faut non-seulement faire triompher le principe définitif, d’examen et d’indépendance calviniste, mais écraser les communes, et donner le pouvoir aux troupes puritaines, espèce de parlement biblique et armé.

Incorporé à l’armée, il ne pouvait se maintenir qu’avec elle, et, s’il cédait aux girondins de l’époque, gens remarquables d’ailleurs, il était perdu, lui et la cause calviniste. Denzil-Holles, un de ces presbytériens, n’a-t-il pas dit que, « si le roi venait à eux, on lui remettrait la couronne sur la tête ? » L’arrogance et les airs dominateurs de ces gens de loi n’ont-ils pas mécontenté l’armée ? Ceux qui ont conquis l’indépendance populaire et la liberté calviniste, les saints cri un mot, ne semblent-ils pas sur le point d’être débordés et mis de côté par les modérés et les gens de loi ? C’est ce que dit un jour Cromwell à soit ami Ludlow : « Nous ne serons quittes de ces gens-là que si les soldats viennent leur tirer les oreilles ? » Et c’est ce qui arriva. L’armée publia son manifeste ; la Cité riposta. L’armée était d’accord avec le vrai sentiment calviniste ; Cromwell la commandait, elle eut le dessus. Bientôt les onze membres, chefs de ce qu’on peut nommer la Gironde presbytérienne, furent éliminés, et laissèrent l’armée maîtresse du terrain, après quoi elle fit son entrée solennelle dans Londres et dans la Cité, trois hommes sur chaque rang, avec des branches de laurier sur les chapeaux et l’épée au fourreau. « Le service divin et le sermon calviniste de Putney satisfirent pleinement les auditeurs. » Le roi s’enfuit de Hampton-Court ; il peut rallier des partisans, et tout n’est pas encore gagné. Réfugié et bientôt prisonnier dans l’île de Wight, il donne à sa situation douloureuse toute la dignité d’une résignation héroïque et sereine. Cependant le vrai roi, le roi de l’armée et du puritanisme, Cromwell, reçoit du peuple qu’il a défendu une liste civile que l’on prélève sur les terres confisquées au marquis de Worcester et à quelques autres. La lettre suivante, adressée aux communes, prouvera combien Cromwell savait mépriser le petit intérêt et le sacrifier au grand, le présent à l’avenir.


Au comité des pairs et des communes, etc., siégeant à Derby.

« Les deux chambres du parlement ayant dernièrement conféré à moi et à mes héritiers 1,680 livres sterling par année, prises sur les propriétés de lord Worcester, et la nécessité des temps requérant le secours des citoyens, je fais ici à l’état l’offre de 1,000 livres sterl. à lui payer annuellement sur cette somme, payable tous les six mois, par sommes de 500 livres, à dater de