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du haut des créneaux d’une citadelle ; l’homme reculait : « Monseigneur, cria-t-il, je vous le donne en douze ! » Charles aurait pu en effet deviner la monarchie constitutionnelle et se découronner du droit divin ; c’étaient choses peu faciles assurément.

Le roi commettait donc des fautes graves et se défendait assez mal contre l’orage, pendant que les communes calvinistes, ayant le vent en poupe, marchaient avec une vigueur triomphale. Olivier Saint-Jean, cousin de Cromwell par alliance, devenait procureur-général (solicitor-general) ; la cour et Charles quittaient Whitehall ; les pamphlets abondaient pour et contre ; la baguette du « constable » perdait sa force, et les offrandes volontaires des citoyens calvinistes s’entassaient sur le tapis vert du parlement. Chacun, protestant de son respect envers le roi, apportait de l’argent pour lever les milices et ruiner le trône ; Hampden donnait mille livres sterling ; Cromwell, trois cents livres le 7 février, puis cinq cents le 9 avril. Le premier à briser la légalité, ce fut Cromwell. On lit dans le journal de la chambre des communes, à la date du 15 juillet :


« M. Cromwell fit une motion pour que nous rendissions un ordre permettant aux bourgeois de Cambridge de lever deux compagnies de volontaires, et de leur nommer des capitaines. »

Le même jour, 15 juillet, le greffier des communes écrit ces mots sur son registre :

« Attendu que M. Cromwell a envoyé des armes dans le comté de Cambridge pour la défense de ce comté, il est cejourd’hui ordonné - que les 100 livres sterling qu’il a dépensées à notre service lui seront rendues… quelque jour. »

M. Cromwell sait-il qu’il y a haute trahison dans tout ceci ; qu’il n’y va pas seulement de la bourse, mais aussi de la tête ? M. Cromwell le sait bien et ne s’arrête pas. Ce qui suit est encore plus curieux.

« 15 août. — Dans le comté de Cambridge, M. Cromwell a saisi le magasin du château de Cambridge, et a empêché d’enlever l’argenterie de l’université, dont la valeur était, d’après ce que l’on dit, de 20,000 livres sterling ou environ. »


Voilà ce que rapporte à la chambre sir Philippe Stapleton, membre pour Aldborough, et membre également du nouveau comité pour la défense du royaume. M. Cromwell touchera une indemnité, car il est allé dans le Cambridgeshire en personne, et, depuis que l’on a commencé à y lever des milices, il en a pris le commandement en chef. Il parait que ce n’est pas sans quelque résultat, s’il faut en croire certain