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du Kaire, et lié de longue date avec Mohammed-el-Tounsy, son premier maître d’arabe, s’est chargé de mettre cette relation en français. Il l’a fait avec conscience et talent ; sans rien changer à la forme du récit, il l’a enrichi de notes et d’éclaircissemens qui en sont l’appendice nécessaire. On doit le remercier aussi d’y avoir joint le résumé des derniers évènemens qui se rapportent à Abou-Madian, et un essai de carte utile à consulter. Avant de livrer l’ouvrage au public, le traducteur a cherché à vérifier la sincérité de la narration du cheikh ; les indigènes du Kordofâl, du Dârfour, du Ouadây, consultés en diverses occasions, se sont toujours trouvés d’accord avec Mohammed sur le nom des lieux, sur l’itinéraire à suivre, sur la position des provinces. Enfin le manuscrit arriva en France, et M. Jomard s’empressa de le publier ; il l’accompagna d’une savante préface qui résume les connaissances acquises jusqu’à ce jour sur les pays du centre de l’Afrique. Il convenait au doyen des voyageurs dans la haute-Égypte de faire connaître à l’Europe cet ouvrage plein de faits nouveaux, et d’attacher son nom aux plus récentes explorations. Grace aux efforts persévérans que les hommes studieux dirigent de toutes parts vers ce noble but, l’Afrique s’éclairera peu à peu et cessera de tenir la science en échec. Encore quelques années, et peut-être que le sphinx vaincu n’aura plus d’énigme à proposer au passant.


THEODORE PAVIE.