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CRITIQUES


ET


HISTORIENS MODERNES


DE L'ALLEMAGNE.




I.
GUILLAUME DE SCHLEGEL.




Quand une génération qui a fait ou a vu de grandes choses est près de s’éteindre, quand elle n’est plus représentée que par de rares débris, les derniers coups que frappe la mort, bien qu’ils puissent être facilement prévus, sont plus irréparables et semblent plus douloureux. A chaque perte nouvelle, on est tenté de croire que ce n’est pas seulement un homme, mais toute une société qui disparaît. Telle est pour nous cette forte génération qui, née dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, a traversé tant de révolutions dans l’ordre des faits et des idées ; chaque jour, ses rangs s’éclaircissent, et tout récemment elle a eu à déplorer un vide nouveau. Dans un pays voisin vient de mourir un homme qui exerça la plus haute influence sur les doctrines littéraires de son temps, qui, doué d’une heureuse imagination, pouvant