Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 13.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous les hommes qui ont visité comme nous ces peuplades guerrières, et qui ont reçu à titre de Français et de frères l’hospitalité sous leurs tentes, ont unanimement rapporté les mêmes impressions. M. d’Estourmel a le mérite de les colorer de la double chaleur de son style et de son pinceau. Son livre est un remords parlant contre notre oubli. On sent, en lisant ses pages, combien son cœur est contristé de respirer sous les cèdres du Liban un autre air que l’air du christianisme et de la liberté. À ce titre, il a une utilité de plus à nos yeux : il popularise un sentiment généreux dans l’ame de la France, et la générosité a été de tout temps la première des politiques pour notre pays. En résumé, ce livre à plusieurs styles, que tant de voyageurs français de toute date et de toute nature écrivent depuis un demi-siècle pour nous reproduire l’Orient, comptera désormais une page de plus, et M. d’Estourmel a inscrit son nom à son tour, entre MM. Michaud et de Marcellus, sur ces ruines de la Grèce et sur ces rochers du Liban où se lisait déjà le nom de M. de Châteaubriand.


ALPHONSE DE LAMARTINE.