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se fait principalement par la Baltique, de la région du midi, où il se fait par la mer Noire, on verrait qu’elle n’occupe aussi qu’un rang fort secondaire dans nos importations.

C’est bien pis pour les exportations. La Norvège n’y figure plus qu’au 40e rang et le Danemark au 39e, tous les deux avec le chiffre insignifiant de 1 million 400,000 fr. Et la Suède, ce grand pays, qui le croirait ? est au 42e rang, avec un chiffre qu’on n’ose pas dire : 700,000 fr. seulement. La Russie enfin, bien que l’on confonde toujours les deux régions en une, n’est plus ici qu’au 16e rang, après l’île Bourbon, et avec un chiffre de 13 millions 600,000 francs. Ensemble la Suède, la Norvège et le Danemark, qui forment avec la Russie cette grande région du nord placée à si peu de distance de nous, et qu’on voit s’étendre sur la carte avec un immense développement de côtes maritimes, n’égalent pas, quant à la valeur de nos exportations, l’Égypte seule, ou les possessions danoises en Amérique.

Est-ce donc que tous ces pays n’ont rien à nous offrir ou rien à recevoir de nous ? Il nous semble, au contraire, que leurs productions sont assez différentes des nôtres pour que d’utiles échanges se fassent. Combien de ces productions seraient utiles à notre industrie manufacturière ! combien d’autres nécessaires à notre navigation marchande ! Les bois de construction, les fers, les aciers, le brai et le goudron, les peaux brutes, les graines oléagineuses, le suif brut, les lins et les chanvres, les céréales et beaucoup d’autres. Et combien aussi de nos marchandises conviendraient à ces pays, sans parler de nos vins ! les tissus de soie, de laine ou de coton, le papier et ses applications, les huiles d’olive et les savons, les poteries, les verres et les cristaux, les instrumens de précision, les amandes, les olives, les fruits de table, et beaucoup d’autres produits du climat méridional. Malheureusement le gouvernement oublie ces contrées ou les néglige, ou bien notre système protecteur, en repoussant leurs produits, les éloigne de nous à leur détriment comme au nôtre.

L’Algérie figure dès à présent (année 1844) au 4e rang parmi les pays vers lesquels nous exportons nos marchandises, et il est intéressant de remarquer les progrès qu’elle a faits à cet égard depuis six ans.

Commerce spécial – Exportations pour l’Algérie


Années Valeurs en millions
1839 16.4
1840 22.1
1841 29.6
1842 33.6
1843 41.4
1844 63.4

. En suivant cette progression ascendante, l’Algérie promettrait à la