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pour l’honneur de cette théorie, et pour la tranquillité de ceux qui la professent, la contrebande vient, en dérobant aux relevés de la douane une grande partie des valeurs d’importation, rétablir dans une certaine mesure l’équilibre ; autrement, l’effrayante disproportion qu’ils y remarqueraient sans cesse troublerait à coup sûr le repos de leurs nuits.

Malgré la contrebande, toutefois, et la lacune qu’elle produit dans les états officiels, la différence en faveur des importations subsiste encore presque partout, tant est grande l’inexactitude qui résulte de la méthode de calcul que nous venons de signaler. C’est ainsi que, pour la France en particulier, la somme totale des importations durant la période des cinq années 1840 à 1844 excède de 539 millions la somme totale des exportations.

On voit donc que les chiffres fournis par la douane, si rigoureux et si précis qu’ils paraissent, ne sont rien moins que des guides sûrs. Aussi ne faut-il pas les regarder comme des données absolues, mais seulement comme des indications relatives pouvant servir d’objets de comparaison d’une année à l’autre, en observant en outre que, sauf quelques cas particuliers, on ne doit pas s’arrêter à de faibles différences, mais prendre les choses d’un peu haut.


III – DU COMMERCE EXTERIEUR DEPUIS 1830 – RESULTATS GENERAUX

Considérons d’abord le commerce extérieur de la France durant les quinze années qui se sont écoulées depuis et y compris 1830. Il ne peut être question, quand on embrasse un si long intervalle de temps, que de -comparer les résultats généraux ; mais ces résultats ne sont ni les moins intéressans ni les moins sûrs. Ils témoignent suffisamment d’ailleurs, et beaucoup mieux que ne feraient même les détails, des progrès du pays dans le développement de ses relations extérieures, et de la continuité de ces progrès malgré quelques variations accidentelles. Ajoutons que, si les états de la douane recèlent effectivement quelques grandes vérités, c’est particulièrement dans les résultats généraux qu’on peut les rencontrer.