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Il nous reste, pour compléter la revue des annexes de la Bibliothèque royale, à parler du dépôt des estampes et du dépôt des cartes et plans. Le dépôt des estampes, comme la collection des antiques, est avant tout du domaine de l’art. Le service, l’entretien de ce dépôt, ne soulèvent aucune objection ; mais il n’en est pas de même de l’emplacement, et l’exiguïté du local a plus d’une fois provoqué les plaintes des travailleurs. On a émis le vœu que le cabinet des estampes fût annexé soit au Musée du Louvre, dont il est, pour ainsi dire, la contre-partie, soit à l’École des Beaux-Arts, et que, cette réunion une fois opérée, on y adjoignît une bibliothèque spéciale. Cette idée vaut bien qu’on l’examine, car, dans l’administration des sciences ou des arts, spécialiser et simplifier sera toujours un progrès. On peut appliquer la même remarque à la section des cartes et plans, attendu que, si ce dépôt n’a point reçu tous les développemens que semblait promettre l’ordonnance du 30 mars 1828, c’est uniquement au morcellement des diverses collections du même genre qu’il faut s’en prendre. En effet, on devait y réunir tout ce qui concerne la géographie, la statistique, les voyages ; mais ce projet, d’une incontestable utilité pratique, n’a point été suivi, et des documens statistiques, topographiques, hydrographiques, historiques, d’un prix infini, sont restés éparpillés dans les archives des divers ministères. Il est juste de reconnaître que des motifs graves et la raison d’état s’opposent à ce que le public soit admis dans ces dépôts importans ; mais pourquoi les pièces qui n’intéressent aujourd’hui que la science ou les études historiques ne seraient-elles point rendues accessibles aux travailleurs sérieux ? Pourquoi donc ouvrir à tout venant la Bibliothèque et ses précieux dépôts avec une libéralité qui va jusqu’à en compromettre l’existence, et, de l’autre, enfermer certaines collections d’un intérêt général, comme les jaloux des poètes classiques de Rome enfermaient leur maîtresse, sous une triple porte d’airain ? Ne serait-ce point que le hasard a trop souvent jusqu’ici présidé au gouvernement des livres ?


III.

Nous arrivons maintenant à la section des imprimés, à la partie la plus usuelle de la Bibliothèque, à celle qui intéresse toutes les classes de lecteurs. Cette section, la plus fréquentée de toutes, est aussi celle qui jusqu’à ce jour a laissé le plus à désirer sous le rapport de l’ordre et du service. On ne trouve rien à la Bibliothèque du roi : le mot est devenu proverbial, et il est permis d’affirmer sans exagération qu’on peut s’estimer heureux quand, sur dix ouvrages dont on a fait la demande, on réussit à en obtenir quatre. Dans quelques sections même, on doit renoncer complètement à demander, certain qu’on est à l’avance que le bulletin expédié pour les recherches du bureau des conservateurs reviendra chargé de cette apostille désespérante : N’est pas en place. Cette situation a donné lieu à des réclamations fort vives : de la part des habitués. L’administration supérieure elle-même a sanctionné