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LA


BIBLIOTHEQUE ROYALE


ET


LES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES.




I.

L’organisation, le service des bibliothèques publiques, ont été, depuis quinze ans, le sujet de nombreuses études ; le plus important de ces dépôts, la Bibliothèque royale, a soulevé à diverses reprises, dans la presse, à la tribune, de vives polémiques. Plusieurs réformes ont été tentées ; il a paru des ordonnances royales, des circulaires ministérielles ; les chambres ont voté des crédits considérables, et aujourd’hui cette question, que réveillent chaque année les débats sur le budget, est tombée dans le domaine de la discussion publique.

Il faut le reconnaître, ce n’est pas la première fois qu’on se préoccupe vivement en France de la conservation des livres. En parcourant les décrets par lesquels la convention ordonna de rassembler les volumes épars dans les couvens, les châteaux et les palais, on est frappé de la grandeur des vues qui dirigeaient cette assemblée au moment où elle constituait, en quelque sorte, les domaines intellectuels de la nation, et rendait accessibles pour tous des trésors qui, jusque-là, étaient restés le monopole du petit nombre. La guerre et la terreur devaient, malheureusement, paralyser ces desseins dès le principe, et le gouvernement révolutionnaire eut bientôt oublié les livres. Les conquêtes de l’empire, les défiances de la restauration, leur furent peu