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L’organisation politique et sociale des Aztèques était telle que Cortez en résume ainsi son opinion à Charles-Quint : « Pour l’obéissance qu’ils montrent à leur souverain et pour leur manière de vivre, ces. Indiens sont presque comme les Espagnols, et il y a à peu près autant d’ordre qu’en Espagne. Si l’on considère que ce peuple est barbare, privé de la connaissance de Dieu, de tout rapport avec les autres nations, et de la raison[1], on ne peut voir sans étonnement combien tout est sagement administré.


VI – DE QUELQUES TRAITS DES CROYANCES DES MEXICAINS ET DE LEURS PRIERES

Les Mexicains croyaient à un Dieu suprême, créateur et maître de l’univers ; dans leurs prières, ils le qualifiaient de « Dieu par qui nous vivons, qui est partout, connaît tout, dispense tous les biens ; » ou encore « le Dieu invisible, incorporel, la parfaite perfection et pureté, sous les ailes duquel on trouve le repos et un abri inviolable. » Sous cet être suprême étaient rangées treize grandes divinités et plus de deux cents moindres, ayant chacune leur jour consacré, recevant toutes certains honneurs. Les Aztèques honoraient de préférence le dieu de la guerre Huitzilopochtli, dont ils avaient porté l’image devant eux, comme les Hébreux l’arche du Seigneur, durant leur long pèlerinage d’Aztlan à Tenochtitlan.

Parmi les divinités de l’olympe mexicain, une autre, dont on voit revenir souvent le nom pendant la conquête, est le dieu de l’air, Quetzalcoatl. Il avait résidé sur la terre et avait enseigné aux hommes l’art de la culture, celui de travailler les métaux, celui plus difficile de gouverner, et, disait la tradition, « il se bouchait les oreilles quand on lui parlait de la guerre. » D’après la mythologie aztèque, il avait fait goûter aux hommes des douceurs comparables à l’âge d’or des Grecs. Sous lui, on voyait la terre se couvrir, sans culture, et de fleurs et de fruits. Un épi de maïs faisait la charge d’un homme, de même que

  1. Le mot privé de raison signifie ici, de même que celui de barbare, l’ignorance du christianisme. C’est ce qui résulte de la correspondance même de Cortez, où il est dit ailleurs que les Indiens sont remarquables par leur raison