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protection (26 juin). Enfin l’on publiait cette fameuse proclamation de Simla, qui annonçait l’entrée des troupes anglaises en campagne (1er octobre 1838).

C’est que c’était le moment où après tant d’hésitations, tant de lenteurs et de retards, lord Palmerston en arrivait enfin à confirmer les mesures prises par M. M’Neill, et lui donnait, après qu’il avait été obligé de rompre, toute la force dont il aurait eu besoin plus tôt pour n’en pas venir là. C’était alors qu’il écrivait pour le khan d’Hérat cette menaçante missive du 27 juillet. L’inquiétude et l’emportement de lord Auckland se rencontraient tout à point pour agir avec cette décision désespérée à laquelle le regret de tous ses sacrifices perdus poussait maintenant lord Palmerston. Entravé par les nécessités de sa politique générale, n’osant pas se priver de l’alliance russe en Europe parce qu’il avait le malheur de s’y fier et le malheur encore plus grand de la réserver comme un moyen de bascule, obligé de la ménager ainsi quand même, il s’était astreint durant quatre années à laisser passer en silence les intrigues moscovites ; il n’avait point averti les princes de l’Orient que l’Angleterre s’en tenait offensée, il avait tâché de les en détourner au nom de leur intérêt ; jamais il n’avait parlé au nom de son gouvernement ; on ne l’avait pas écouté ; l’Inde était sérieusement menacée. Lord Palmerston prenait enfin un parti, mais lequel ? Il jetait la guerre dans tout l’Orient, il créait à l’empire britannique des périls sans fin ; il suscitait contre lui des ressentimens et des vengeances ; il le mêlait de plus en plus aux querelles intérieures d’un pays où sa domination ne pouvait s’asseoir que par la neutralité ; il le lançait tout exprès dans une voie de conquêtes où l’on n’avait marché jusqu’alors qu’à regret et malgré soi ; il frappait partout où les Russes avaient mis le pied, partout où ils allaient le mettre, espérant que ces grands coups étonneraient et feraient réfléchir, sans songer que ce grandes injustices ne se pardonneraient pas. Du moins encore disait-il à présent que ses alliés d’Asie ne pouvaient avoir de rapports avec ses alliés d’Europe sans que ces rapports ne fussent considérés par l’Angleterre comme des actes d’hostilité. C’était toujours la même inconséquence pour les esprits simples des hommes d’Orient, mais enfin on l’avouait hautement : c’était là tout le progrès, c’était La le sens de cette nouvelle politique manifestée par la dépêche de lord Palmerston en date du 27 juillet, et par la proclamation de M. Auckland en date du 10 octobre 1838. C’était ainsi que les affaires de Perse enfantaient d’autres complications et de bien plus funestes, au moment même où elles se terminaient par la levée du siège d’Hérat