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persan déclare officiellement qu’il ne se considère plus comme engagé par les traités qui l’unissaient à l’Angleterre ; c’était la réponse dictée par la Russie à l’intervention tardive signifiée par M. M’Neill. Celui-ci demande des explications qu’on ne daigne pas lui donner, ou qu’on n’a pas jugé à propos de communiquer au parlement. Trois mois après, son messager est insulté ; c’est encore une difficulté de plus. Il écrit lettres sur lettres pour demander à lord Palmerston d’appuyer énergiquement les réparations qu’il réclame ; mais il a bien soin de lui montrer en même temps toute la gravité de la situation dans l’ensemble général des circonstances, dans les mouvemens de la Perse, dans les menées de la Russie ; l’insulte faite au messager n’est qu’un trait du tableau.


« En un temps où le gouverneur de Ghilan est amené ici chargé de chaînes, livré à la disposition de l’ambassadeur russe et puni au gré de son excellence pour avoir exécuté la sentence de la loi contre un mahométan sujet de la Russie, je crains en vérité de n’avoir pas exigé une réparation assez complète. » (25 novembre 1837.)


Et le lendemain, rattachant cet incident à la guerre d’Hérat, comme une preuve assez claire de l’insolence à laquelle le gouvernement persan se croirait autorisé par cette conquête, il écrivait encore :

« Les ministres du shah ont ouvertement dit qu’ils croyaient que la possession d’Hérat serait pour eux une sorte de main mise sur l’Angleterre, que l’Angleterre n’aurait plus désormais rien à leur refuser, que, cette place une fois en leur pouvoir, ils seraient, quand ils le voudraient, tout-à-fait maîtres ou de nous troubler dans l’Inde, ou d’en livrer le passage à nos ennemis. »


Enfin, n’ayant toujours pour s’aider dans ses négociations que cette inutile dépêche du 4 août 1837, où on lui vantait l’innocence du comte Simonich, M. M’Neill écrit de nouveau le 18 janvier 1838 :


« Je n’ai pas besoin de répéter à votre seigneurie tout ce que je pense del’effet que pourrait produire la chute d’Hérat sur la tranquillité intérieure et la sécurité de l’Inde anglaise, et je ne conçois pas qu’il y ait un traité qui puisse nous obliger à permettre qu’on menace ainsi la stabilité de notre empire en dent. L’évidence du concert établi entre la Perse et la Russie dans des rues hostiles aux intérêts anglais est chose qu’on ne peut nier, et la grandeur du mal qui nous menace est à mon compte si prodigieuse, qu’on ne peut miner que ce soit une puissance alliée qui veuille y contribuer. Nos rapports avec la Perse ont originairement pour but avoué d’assurer une garantie de plus à nos possessions dans l’Inde, et elles ont été maintenues dans l’intention de nous protéger contre le seul état qui pouvait nous menacer de ce