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prétendre au monopole d’une industrie spéciale. Ainsi, en poursuivant le calcul approximatif basé sur le chiffre connu des décès, on pourrait évaluer à plus de 5,000 le nombre des ouvriers cordonniers sortis de l’ancienne Lorraine Presque tous les rudes enfans du Cantal, au nombre d’environ 7,000, se disputent les professions de chaudronniers, de charbonniers, de porteurs d’eau, de rémouleurs, de ferrailleurs. 4,000 maçons ou scieurs de long sont des oiseaux de passage qui ont leurs nids dans les montagnes de la Creuse. La plupart des marchands de vin et des tonneliers, viennent de l’Yonne et de la Côte d’Or. Les femmes, attirées par les tristes chances d’existence qu’une grande ville offre à leur sexe, les servantes, les blanchisseuses, les filles de journée, appartiennent en général aux départemens qui avoisinent la capitale.

Dire qu’un millier d’étrangers, venus de toutes les contrées du globe, meurent annuellement à Paris, c’est porter à 40,000 le nombre de ceux qui y font résidence, soit passagèrement, soit d’une manière stable. Les laborieux Allemands y forment un groupe de 6 à 7,000 ; les Belges sont plus nombreux encore. Il y a environ 6,000 Savoyards, 4,000 Suisses autant d’Anglais, et un peu plus de 600 Américains du nord.

Entre la métropole et les départemens, il n’y a qu’un échange profitable à la France entière : autant Paris reçoit de campagnards, autant il envoie de ses enfans dans les provinces. Les actes de l’état civil prouvent que l’affluence des étrangers ne lui est nullement nécessaire pour entretenir, pour accroître même sa population. De 1820 à 1829, la moyenne des naissances a été de 27,992 pendant les sept années suivantes, période qui comprend les deux années désastreuses du choléra, cette moyenne s’est élevée à 28,475 : aujourd’hui, elle dépasserait 30,000. Les statisticiens calculent qu’il naît en France un enfant par 33 individus : si cette proportion était applicable à Paris, cette ville devrait renfermer un million d’ames. On a remarqué que les naissances masculines sont, en général, les plus fréquentes ; mais la proportion entre les sexes est bientôt rétablie par un plus grand nombre de décès, pendant les deux premières années de l’existence des jeunes garçons.

De tous les enseignemens que puisse offrir la statistique, il n’en est pas de plus tristement significatif que la comparaison des naissances honnêtes à celles qui sont les fruits de la débauche et de la misère. Pendant la période comprise entre 1827 et 1836, la moyenne