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On pourrait croire que Diodore désigne cette espèce de péristyle qui, entourant le naos, se compose soit de piliers carrés, soit de colonnes. En effet, partout où on le trouve, il semble n’être pas entré dans le dessin primitif du monument et avoir été ajouté après coup ; c’est ce qui parait surtout au naos d’Hermonthis, au petit temple d’Apollonopolis magna (Edfou), au petit temple d’Elithyfa, au Mammisi de Tentyra, enfin au petit temple de l’ouest à Philes, dont la colonnade latérale doit avoir été ajoutée à la construction d’Epiphane par son fils Evergète II. Mais ce n’est pas là ce que les anciens auraient appelé un περέβολος, mot qui semble impliquer une enceinte détachée du corps du bâtiment.

Je trouve, au contraire, toutes les conditions qu’exige l’expression de Diodore, περίβολος οΰ ναοΰ, dans une enceinte pareille à celle du grand temple d’Edfou ; celle-ci est en grès et toute couverte de sculptures ; elle se rattache à une cour antérieure péristyle, précédée d’un grand pylône ; elle forme un véritable péribole complet qui entoure à la fois le naos et le pronaos ; un intervalle de 15 mètres la sépare du naos, et seulement de 1 mètre 30 centimètres du second. La seule différence, c’est que la cour antérieure est soutenue par des colonnes et non par des colosses ; mais il faut observer que le péribole entier d’Edfou appartient à l’époque des derniers Ptolémées, principalement à Ptolémnée Alexandre[1]. Or, on ne trouve plus, je crois, en-deçà de l’époque pharaonique, l’usage de ces piliers avec colosses ; mais, de quelque façon qu’on se figure ce péribole du naos de Phthah, c’était à coup sûr une construction considérable, ayant un caractère exclusivement égyptien, qui donne une haute idée des travaux de Psammitichus.

Il en est d’autres, appartenant au même prince, dont l’histoire ne parle pas, mais qui subsistent encore ; ainsi, dans le grand temple de Karnak, où le nom de Psammitichus se lit sur plusieurs points de la partie antérieure. C’est au même prince qu’appartient l’obélisque du Monte Citorio (Campensis) à Rome, long de 64 pieds 7 pouces 6 lignes (21 mètres) ; pour le choix et l’égalité de la pierre comme pour la beauté du travail, il ne le cède, et encore de très peu, qu’aux obélisques de Saint-Jean-de-Latran et de la porte du Peuple, dont l’un est de Thouthmosis III, et l’autre, de Menephtah Ier. La même conséquence peut se tirer de plusieurs monumens exécutés sous un de ses successeurs, Psammitichus II, entre autres, le bel autel de basalte du

  1. Champollion, Lettres écrites d’Égypte, p. 192, et mon Recueil des inscriptions grecques, t. II, p. 21.