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on a pu, avec toute raison, appeler pylônes de l’est et pylônes de l’ouest, ceux qui s’élèvent en deux points opposés de l’enceinte de Dendéra[1], quoiqu’ils fassent un angle de 17 degrés avec la perpendiculaire à la méridienne.

Quoi qu’il en soit, on apprend de ces textes que les pylônes, ou constructions accessoires du temple de Phthah, avaient été élevés successivement à partir de Moeris, et qu’au temps de Psammitichus il y en avait encore deux à ajouter. Ce prince compléta donc ce qu’avaient laissé à faire les anciens rois. Selon Hérodote, il construisit encore dans l’enceinte du même temple un édifice destiné au bœuf Apis. Cet édifice, que l’historien appelle αύλή (cour découverte), était entièrement péristyle, couvert de sculptures, et soutenu par des colosses de douze coudées qui faisaient l’office de colonnes. Ce devait être une construction tout-à-fait analogue à celles qu’on trouve en divers points de Thèbes, c’est-à-dire une cour carrée, dont les murs étaient couverts de bas-reliefs, ayant à l’intérieur une galerie supportée par des piliers, en avant desquels se trouvent des colosses qui semblent faire office de colonnes, quoique, par le fait, ils ne soutiennent rien. Les douze coudées équivalent à 6 mètres 324 millimètres, ce qui excède d’un mètre environ les colosses de la cour du temple de Rhamsès Miamoun et ceux d’un autre édifice à Karnak, qui n’ont qu’environ 5 mètres et demi jusqu’à la pointe du bonnet (4). Ce simple rapprochement donne l’idée du caractère purement égyptien qu’offre cette construction, qui ne le cédait pas en importance à des travaux du même genre exécutés par les anciens rois.

Une autre construction de même nature est attribuée à ce prince par Diodore de Sicile : « Il construisit au Naos le péribole[2], que soutenaient des colosses de douze coudées, au lieu de colonnes. » L’expression ό τοΰ ναοΰ περίβολος est remarquable. On ne peut entendre περίβολος ; d’une de ces enceintes qui entourent la plupart des temples en Égypte et en Nubie, et cela pour plusieurs raisons : 1° en pareil cas, c’est τοΰ ίεροΰ ou τεμένους que l’historien aurait dit certainement ; 2° ces enceintes sont ordinairement en briques, rarement en grès[3], mais jamais elles ne présentent une de ces galeries avec des colosses en guise de colonnes ; ce qui, vu la grandeur que devait avoir l’enceinte du temple de Phthah, aurait dépassé de beaucoup tout ce qu’on voit à Thèbes.

  1. Grande description de l’Égypte ; Antiq. Pl., t. III, Pl. 25 et 27.
  2. Diod., Sic., I’, 67.
  3. Comme à Medynet-Abou, à Edfou et ailleurs.