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je me borne à la période dont j’ai parlé, qui commence à l’époque où, débarrassé de ses compétiteurs, Psammitichus occupa seul le trône de l’Égypte.

Son premier soin se porta sur les travaux nécessaires pour compléter certains édifices sacrés. Il semble avoir voulu rendre grace aux dieux de la victoire qu’il avait obtenue sur ses rivaux. « Lorsqu’il fut maître de toute l’Égypte, dit Hérodote[1], Psammitichus construisit à Memphis les propylées du temple d’Hephoestos (Phthah), qui sont tournés vers le midi. » Par là, on doit entendre très probablement un de ces grands pylônes qui précédaient les temples, et qui étaient ordinairement placés sur l’alignement des enceintes en briques ou en grès qui circonscrivaient le téménos, ou le terrain sacré renfermant le naos principal, accompagné d’autres édifices. C’est ce qu’on voit à Edfou, à Ombos, à Dendéra, où deux de ces pylônes à l’est et à l’ouest existent encore, et en plusieurs points des immenses ruines de Karnak, notamment au téménos placé au sud-est de la grande enceinte[2]. On devait arriver à ce temple par deux ou quatre portes, ouvertes sur les quatre côtés du téménos, qui là, comme partout, était quadrangulaire.

Ces propylées (πρσπύλαια), du temple de Phthah, ou (προπύλαιον), comme dit Diodore, devaient donc être une construction analogue aux pylônes de Thèbes ou d’Edfou, ou bien aux grands propylons de Dendéra. Selon Diodore, Psammitichus construisit en outre le propylon de l’orient, τό πρός έω προπύλαιον ; il aura probablement pris l’est pour l’ouest, car il devait dire, à ce qu’il semble, το πρός δύσιν, puisque les propylées de l’orient, selon Hérodote, avaient été construits par Asychis un siècle auparavant ; et comme, d’après le même Hérodote, ceux du nord l’avaient été par Moeris, on a l’époque de la construction des quatre propylées du temple de Phthah, tournés vers les quatre points cardinaux. Il ne faudrait pas en conclure, comme on l’a fait, que le temple et son enceinte fussent exactement orientés, ce qui n’a pas eu lieu, en Égypte, pour aucun temple, à moins que ce ne fût par hasard, comme je l’ai remarqué ailleurs[3]. Les expressions orient, occident, nord et midi, n’ont là qu’un sens approximatif, et c’est ainsi que, dans le langage plus sévère et plus précis des modernes,

  1. Diodore s’exprime dans les mêmes termes.
  2. Marqué H sur le plan de Nestor L’Hôte : Lettres écrites d’Égypte, p. 189.
  3. Dans un travail intitulé Analyse critique des Zodiaques de Dendéra et d’Esné, qui s’imprime en ce moment dans le tome XVI des Mémoires de l’Académie des Inscriptions.