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étrangère à laquelle les rois d’Égypte accordèrent l’entrée du pays. Les Phéniciens y furent également reçus. Au temps d’Hérodote, on les voit établis à Memphis, où ils occupent autour du temple de Phthah un quartier appelé le camp des Tyriens[1] ; il leur fut permis même d’élever aussi un temple à leur divinité principale, Astarte, et ce temple se trouvait, à l’époque ptolémaïque, renfermé dans l’enceinte du Serapeum de Memphis, sous le nom d’ Astarteum, comme on l’apprend des papyrus grecs. Mais la colonie phénicienne paraît avoir été bornée à cet unique établissement, tandis que celle des Grecs s’était, de proche en proche, répandue sur toute la surface de l’Égypte.

Il semble donc clairement établi, par les faits qui précèdent, que, du moment où l’Égypte, cette Chine de l’antiquité classique, eut été mise en contact avec la nation grecque, établie en divers points du pays, les entreprises et les travaux de ses rois prirent une direction nouvelle.

Il serait naturel de penser que cette nouvelle direction fut accompagnée de quelque diminution dans le principe religieux qui avait fait entreprendre autrefois ces gigantesques travaux dont les restes sont encore si imposans ; mais un grand nombre de faits avérés, fournis par les textes et les monumens, attestent, au contraire, que pendant cette période d’environ cent-vingt ans, les rois égyptiens entreprirent d’aussi grandes constructions religieuses que leurs prédécesseurs, et qu’ils les exécutèrent presque avec la même perfection et dans le même style qu’auparavant, jusqu’au moment où la conquête des Perses vint interrompre la suite des dynasties nationales. C’est ce qui va ressortir de la section suivante.


II – TRAVAUX DES ROIS EGYPTIENS DEPUIS L'ETABLISSEMENT DES GRECS JUSQU'A LA CONQUÊTE DES PERSES

Il n’entre pas dans le plan de ce travail de remonter au-delà du règne de Psammitichus ; autrement je ferais voir facilement, en passant en revue les monumens exécutés par les rois éthiopiens qui ont précédé la vingt-sixième dynastie, la dernière avant les Perses, que, sous le règne même de ces rois étrangers, l’activité religieuse de l’Égypte ne s’était pas affaiblie, et que la prospérité du pays n’avait point souffert de diminution, ni les arts de décadence sensible. Mais

  1. II, 112.